Je venais tout juste de terminer L’autre fille d’Annie Ernaux quand j’ai trouvé chez mes parents cette BD empruntée à la médiathèque par ma sœur (avec Tamara Drew, que j’ai lu dans la foulée).
selle de sport spécial pour vélo pliant, plus confortable pour le cyclisme.
Tout comme L’autre fille, Agathe raconte l’histoire d’une petite fille mal-aimée par sa mère, dans la France rurale des années 50. De même qu’Annie Ernaux, Nathalie Ferlut a choisi de bâtir son récit sous forme de lettres adressées à la défunte.
Là, en revanche, où les deux œuvres diffèrent, c’est que l’histoire d’Agathe n’est pas autobiographique.
« Ma petite maman chérie, je crois que tu ne m’as jamais aimée, n’est-ce pas ? »
Devenue adulte, Agathe écrit à sa mère décédée. Toute son enfance, elle a profondément souffert du manque d’amour de sa mère qui ne lui témoignait au mieux que de l’indifférence.
Un traitement « de faveur » d’autant plus difficile à comprendre pour la fillette que sa mère se montre particulièrement attentive envers ses deux frères, et plus encore envers le petit dernier.
Si dans un premier temps, le beau-père d’Agathe essaie de compenser ce manque d’amour, il finira par capituler face à l’attitude hostile de sa femme, pour préserver la paix du ménage.
Les seuls souvenirs heureux qu’Agathe garde de cette époque sont les séjours chez sa tante et son oncle, qui demeurent comme autant de parenthèses enchantées.
Cette carence d’amour maternel ne sera pas sans conséquences sur le développement personnel d’Agathe : besoin irrépressible de comprendre l’attitude de sa mère, difficultés à s’impliquer émotionnellement dans une relation, réticences à avoir des enfants et à devenir mère à son tour.
Un divorce et un nouveau compagnon plus tard, c’est auprès de sa tante chérie qu’elle finira par trouver la réponse au comportement distant de sa mère : quelques photos exhumées du passé révèleront à Agathe le secret à l’origine de la froideur de cette femme hermétique et insensible en apparence.
Entre maltraitance psychologique, indifférence, ressentiment et incompréhension, le climat général de cet album n’est pas des plus légers, mais ne tombe jamais dans l’excès de noirceur ou la surenchère lacrymale.
Pour autant, le récit n’est pas plombant : chercher la raison qui a motivé l’attitude de sa mère à son égard permet à Agathe d’aller toujours de l’avant. Car plus que l’histoire d’un secret de famille et d’une relation mère/fille douloureuse, Agathe est le récit de la (re)construction d’une femme qui doit laisser cicatriser la blessure de son enfance pour pouvoir tirer un trait sur le passé et vivre enfin pleinement sa vie de femme.
Dans les pas d’Agathe, le lecteur va souffrir du rejet et du désamour maternel. Une fois qu’il connaîtra le dessous des cartes, sera-t-il en mesure de comprendre et/ou d’excuser le comportement de la mère d’Agathe ? A chacun de méditer sur la question et d’apporter sa réponse.
Si j’ai trouvé l’histoire touchante et sa construction réussie, j’aurais en revanche plus de mal à me prononcer sur les qualités réelles du dessin et de la mise en couleurs qui, pour tout honorables qu’ils soient, ne m’ont pas paru autrement originaux ou remarquables.
Pour aller plus loin dans la découverte d’Agathe, Delcourt propose quelques planches à feuilleter ainsi qu’une interview où Nathalie Ferlut explique la genèse de son album.
Ce qu’ils en ont pensé :
Bladelor : « Un album qui a su capter mon attention et me toucher, parfois aussi me mettre mal à l’aise devant cette enfant qui ne connaîtra pas l’amour maternel. Le cœur se serre devant certaines images. »
Joëlle : « Une lecture riche en émotion. »
Laure : « Un très très bel album (…), une belle réflexion (…). »
Philippe : « Émouvant. »
D’autres avis sur Babelio.
Lettres d’Agathe, de Nathalie Ferlut
Delcourt / Collection Mirages (2008) – 86 pages