Un Français et un Anglais sont dans un avion. L’avion tombe dans la jungle. Qu’est-ce qu’il reste ?
Deux survivants, Emmanuel et Lindsay, que rien n’aurait du jamais rapprocher, liés inéluctablement l’un à l’autre par la violence des événements, devenus intimes en l’espace de quelques secondes, sans qu’ils aient eu besoin d’échanger un seul mot.
De retour de l’île de Wilobatina, le Boeing de la Ferguson Air qui regagnait Paris s’écrase en pleine forêt tropicale. A son bord, 349 passagers. Blessé à la jambe, Lindsay, le narrateur, réussit à s’extirper de la carlingue en flammes. Alors qu’il s’affale le long d’un tronc d’arbre, il voit un homme, Emmanuel, sortir de l’avion et s’avancer vers lui pour lui porter secours.
Sans un mot, les deux seuls rescapés vont quitter le lieu de la catastrophe, accrochés l’un à l’autre, et cheminer à travers la forêt jusqu’à l’arrivée des secours.
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Peu après, les deux hommes vont être séparés par leurs rapatriements respectifs. Incapable de retrouver le cours normal de sa vie, Lindsay n’aura de cesse de retrouver son “sauveur”, car il pressent que seul celui qui a partagé son drame peut l’aider à tout recommencer. « Il faudra mettre des mots sur tout ce que tu as vu, tu le sais déjà (…), des mots écœurants, obsédants. Il te faudra inventer des phrases pour dire tout ce que tu auras vu… »
Parce que c’était moi, parce que c’était lui. De ce qui aurait pu n’être qu’une banale bluette, Denis Lachaud fait une ode à la vie où les deux personnages prennent conscience, après avoir réchappé à la mort, de la chance d’être en vie et vont saisir cette seconde chance qui leur est offerte.
Même si je lui ai préféré Le vrai est au coffre, il y a dans ce roman empreint d’une douce sensualité de beaux passages, notamment sur le métier de comédien, sur le pouvoir des mots, sur cette évidence instinctive d’avoir trouvé “l’autre”, sur la complicité trouble qui naît d’une expérience partagée…
Ce trouble est d’ailleurs amplifié par le parti pris de Lachaud de ne choisir pour ses personnages que des prénoms ne trahissant en rien leur sexe. (Lindsay, Domi, Camille, Tilt). Chaque lecteur selon son vécu et sa sensibilité pourra ainsi les appréhender en tant qu’homme ou femme.
Évidemment, le phobique de l’avion que je suis a trouvé dans Prenez l’avion de fortes résonances dans les passages relatifs à l’aérodromophobie (ou planophobie).
A l’occasion de la sortie de Prenez l’avion, Denis Lachaud a accordé une interview à Evene.fr ici.
Prenez l’avion, de Denis Lachaud
Actes Sud – 220 pages