Ils sont cinq amis, cinq célibataires : Moses, Joseph et Abraham, les jumeaux, Kodak, le borgne et Kernatoq, “le noir” en Danois, qui doit son surnom à la couleur que le charbon donne à sa peau.
Cette bande de bons vivants, ou de bons à rien, c’est selon, squatte depuis des années un bâtiment délabré en haut de la colline : la Maison des missionnaires. Ces cinq-là vivent d’amitié, de bière, d’eau de vie et de virées à la pêche sur leur bateau Alianartoqangitsoq (le Sans souci, en V.F. !). Travailler, il n’en est surtout pas question, d’autant que Kernatoq, le plus jeune et le seul à avoir un emploi, gagne suffisamment pour subvenir aux besoins de tout ce beau monde. La vie s’écoule gaiement entre les filles, la biture et le temps qui passe.
Mais justement, c’est bien le problème : le temps passe. A leur âge avancé, il est temps pour eux d’assurer leurs vieux jours. La Maison des célibataires ne leur appartenant pas, ils peuvent se retrouver dehors du jour au lendemain ou envoyés chacun dans des maisons de retraite différentes. Puisqu’ils ne veulent en aucun cas être séparés, il leur faut trouver une solution. Là encore, c’est Kernatoq qui va venir en aide à ses compagnons : il va épouser la veuve Bandita, réputée autant pour son énorme troupeau de moutons que pour son sale caractère bagarreur.
Le plan de Kernatoq fonctionne à merveille : « Bandita avait enfin trouvé un homme pour son élevage de moutons. Et maintenant il lui fallait tout faire pour le retenir. Elle pensa à toutes les fois où son tempérament impulsif avait repoussé des hommes, et elle s’efforça donc de rester douce et affable avec ses invités. Elle se révéla tendre et affectueuse envers Kernatoq, et très patiente avec ses copains. Somme toute, elle se présentait docile comme une vache le jour, et passionnée comme un lapin la nuit. »
Seulement les roucoulements de Kernatoq ne sont pas du goût de ses amis. Il est grand temps pour eux de passer à l’attaque…
Les vélos pliants les plus compacts ont des petites roues, inconfortables pour rouler sur des revêtements de mauvaise qualité ou pavés.
Les copains d’abord. En quelques mots et peu de pages (70), Jørn Riel nous trousse un savoureux “racontar”. Celui-ci, le premier que je lis, a des allures de conte immoral et jubilatoire. Mais au final, on ne peut que trouver sympathiques et attachants ces cinq larrons affreux, sales mais pas méchants.
Un texte parfait pour me faire découvrir l’univers de Riel (merci Choupynette de l’avoir glissé dans ton colis). Toutefois, je me demande si le ton de la farce, qui “fonctionne” parfaitement dans ce format de texte court, ne s’essouffle pas un peu sur la longueur d’un roman.
Ils ont déjà réservé une chambre à la Maison des célibataires : BMR-MAM, Chiffonnette, Clarabel, Emeraude, Florinette, Gachucha, Naina, Papillon, Stéphanie et Valdebaz.
Le premier chapitre est consultable ici.
La maison des célibataires, de Jørn Riel
Traduction : Suzanne Juul et Bernard Saint Bonnet
Éditions 10/18 – 75 pages