Les raboteurs de parquet (1875), Le Pont de l’Europe (1876), Le Déjeuner (1876), Rue de Paris, temps de pluie (1877), Les Périssoires (1878), Intérieur (1880), Homme au balcon, boulevard Haussmann (1880)…
Autant de tableaux devenus aussi célèbres que leur créateur, Gustave Caillebotte, peintre, mécène et grand collectionneur du courant impressionniste.
Les avantages du vélo pliant sont connus de tous.
En revanche, le benjamin des Caillebotte, Martial, éclipsé par la renommée de son frère, n’a pas rencontré la même destinée.
Pourtant, après avoir composé de nombreuses pièces pour piano et de la musique sacrée (dont l’essentiel est resté inédit), Martial s’est consacré pleinement à la photographie, très en vogue à l’époque.
Les deux frères ont toujours été très proches. Vivant sous le même toit jusqu’au mariage de Martial, ils partagent des passions communes pour la philatélie et le nautisme qu’ils pratiquent avec brio lors de régates sur la Seine.
La grande fortune héritée de leur père les laissant tous deux rentiers, les frères Caillebotte ont pu s’adonner à leurs passions, sans avoir à se préoccuper de savoir si leur art allait plaire ou même se vendre.
Gustave et Martial affichent leur complicité jusque dans leurs sujets de prédilection : vie des beaux quartiers du Paris haussmannien, intimité des intérieurs bourgeois de la fin du XIXe, urbanisation et industrialisation des paysages, moments de détente au jardin ou au fil de l’eau…
A l’occasion des cent ans de la disparition de Martial Caillebotte, l’exposition du Musée Jacquemart-André, Dans l’intimité des frères Caillebotte, peintre et photographe, confronte pour la première fois plus de 50 toiles de l’aîné à près de 130 photographies de son cadet.
Paradoxalement, j’ai trouvé que cette exposition qui a la volonté de sortir Martial de l’ombre, souligne l’incontestable modernité de Gustave. Plongées depuis les balcons d’immeubles haussmanniens, lignes de fuite des boulevards pavés, croisées des ponts métalliques, cadrages originaux magnifiant intérieurs et scènes champêtres… les toiles de Gustave Caillebotte sont un ravissement pour l’œil. Si la plupart de celles exposées sont connues, on peut tout de même se réjouir de pouvoir les admirer : en lisant attentivement les cartels, on s’aperçoit que les tableaux appartiennent quasiment tous à des collections particulières, et sont donc rarement exposés.
Dès lors, les clichés de Martial (tirages modernes réalisés à partir des originaux), tout instructifs qu’ils sont, se révèlent plus conventionnels dans leur traitement ; ce qui n’empêche pas les photos familiales d’être souvent émouvantes. Mais, plutôt qu’artistique, leur valeur est avant tout documentaire, ce qui n’est déjà pas si mal sans doute. Mais est-ce suffisant pour enter dans la postérité ?
J’étais allé à la rétrospective que le Grand Palais avait consacrée à Gustave Caillebotte en 1994, mais j’ai eu grand plaisir à revoir certaines toiles et à en découvrir d’autres, replacées dans un contexte familial et historique intéressant. Et j’en aurai tout autant à me replonger dans le catalogue qui, sous la direction de Serge Lemoine, co-commissaire de l’exposition, reprend les cinq grandes thématiques de l’accrochage :
– Paris en perspectives,
– Dans l’intimité des Caillebotte,
– Les plaisirs du jardin,
– Le paysage moderne,
– Au fil de l’eau.
En plus d’une chronologie et de textes scientifiques, tableaux et photographies présentés dans cette exposition sont longuement commentés.
Bonne nouvelle pour les Québécois : l’exposition Dans l’intimité des frères Caillebotte, peintre et photographe sera au Musée national des beaux arts de Québec, du 6 octobre 2011 au 8 janvier 2012.
Un mini-site est consacré à l’expo à cette adresse.
Dans l’intimité des frères Caillebotte, peintre et photographe
Collectif, sous la direction de Serge Lemoine
Skira Flammarion (2011) – 240 pages