thomass-cercle-cendres Dans les années soixante-dix, la mère du narrateur est partie seule en vacances aux Canaries, sur l’île de Lanzarote.
Quand elle rentre à Munich, elle est accompagnée d’un jeune homme de quinze ans son cadet, dont elle a fait la connaissance là-bas : Friedhart Stahl. Comme si rien n’était plus naturel, elle l’installe sous son toit… sans que son mari n’y retrouve à redire.
Si l’enfant de dix ans partage avec l’amant de sa mère une complicité qu’il n’a pas avec son propre père, la présence de Stahl menace le fragile équilibre du couple.
« (…) peut-être un enfant comprend-il tout de l’amour justement parce qu’il n’en connaît rien. Peut-être est-ce l’expérience qui trouble notre regard, nous empêchant de voir ce qui est évident à celui qui n’en a pas, puisqu’on ne peut comprendre que ce qui ne nous concerne pas, ne nous implique d’aucune façon et ne présente pas d’enjeu pour nous. »

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Le jour où Stahl quitte Munich et sort de leur vie, il est déjà trop tard. La famille du narrateur a explosé en vol. Lui-même a été fortement transformé par sa rencontre avec cet homme. Ne serait-ce que par sa découverte des Affinités sélectives, de Goethe, ouvrage qu’il a subtilisé à son mentor.
« L’amour, ce n’est pas ce qu’on croit, ce que vous croyez. Je l’ai appris dans ce livre. L’amour, ce n’est pas le choix, c’est la fatalité. Ce n’est pas celui qu’on choisit, mais celui qui reste. Celui qui reste quand tout nos choix ont échoué. »

Le narrateur ne reverra jamais Friedhart Stahl (qui porte bien son nom [1]). Celui-ci, à force de travail et de voyages, tente d’étouffer la culpabilité qu’il éprouve vis-à-vis du passé nazi de sa famille. Parallèlement à des travaux de traduction qui font autorité, il va se lancer dans un projet titanesque : la construction d’une villa à Lanzarote qui lui vaudra bien des déboires avec les natifs de l’île et avec sa nouvelle compagne.
« Quelque chose était en trop : elle, lui ou l’île. C’était un de ces moments où un couple enfin face à face se sent soudain au bord de la rupture. Un de ces moments où, justement parce que plus rien ne semble nous séparer, on se sent complètement étranger à l’autre. Où, parce qu’il n’y a que du temps devant soi, on ne sait plus quoi dire ; où, parce qu’il n’y a que de l’espace autour de soi, on ne sait plus où aller. »

Des années plus tard, au moment où il apprend la mort de Stahl, le narrateur devenu adulte part sur les traces de cet homme charismatique et insaisissable dont il n’a jamais réussi à cerner la véritable nature : traducteur talentueux reconnu de ses pairs et habitué des cercles mondains, aventurier inspiré, architecte visionnaire, séducteur invétéré…

Premier roman de Balthasar Thomass, Le cercle de cendres est intéressant pour sa construction et sa chronologie chahutée. Articulé autour de la figure centrale de Stahl, le récit se déroule en une succession d’allers-retours passé/présent, insufflant au récit un mouvement giratoire qui emporte narrateur et lecteur dans une spirale vertigineuse, dans « un cercle de cendres ».
« Sa maîtresse avait choisi de mourir le jour anniversaire de sa femme ; l’épouse, la maîtresse, l’amant de l’épouse, tous étaient morts de la même maladie. Le cancer était passé de l’un à l’autre, comme une infection contagieuse entre amants : non seulement la frustration et le grief d’amour rongeaient chacun jusqu’à en mourir, mais en plus chacun transmettait la maladie d’amour à ceux qu’il aimait, torturait et quittait, qui à leur tout transmettraient à ceux qui les aimeraient, torturaient et quitteraient, jusqu’à la mort, comme dans un cercle de cendres. »
Si, au fil de sa recherche, le narrateur parvient à cerner un peu mieux la personnalité de Stahl, il n’arrivera jamais à percer à jour sa part de mystère.

Et d’ailleurs, en dépit de la maîtrise stylistique du roman, et de passages particulièrement remarquables (dont celui relatif à la traduction [2] que je n’ai pu placer nulle part dans ce billet mais dont je voulais tout de même garder une trace), je suis resté imperméable aux personnages et à leurs motivations, observant leur cheminement avec détachement.

Pour vous faire votre propre idée, un extrait du Cercle de cendres est disponible sur le site de l’éditeur ou en annexe de ce billet.
Un gros merci à Laure pour me l’avoir fait parvenir suite au commentaire que j’avais laissé chez elle (sans aucune arrière-pensée, juré craché !).

Ce qu’ils en ont pensé :

Antoine : « Malgré la très belle écriture et le style très agréable de Balthasar Thomass, cette lecture m’a laissé totalement indifférent. A aucun moment je n’ai été séduit par cette histoire très – trop – personnelle (et peut-être un peu autobiographique ?). »

Céleste : « L’auteur met tout son cœur à donner une littérature envoûtante, dans un style éblouissant et fort. Un récit étrange, saisissant, qui vous cloisonne dans les spirales de la mémoire et vous invite à suivre le héros dans sa quête du passé… »

Laure : « Solaire et envoûtant, aride et chaud comme le paysage volcanique de l’île de Lanzarote, ce roman est étonnant et un peu dérangeant. »

Snowball : « Si j’ai lu ce roman avec une certaine facilité, je ne suis pas certaine d’avoir ressenti une quelconque émotion esthétique ou littéraire (ce qui reste tout de même assez rare !). »

D’autres avis sur Babelio.

Le cercle de cendres, de Balthasar Thomass
Éditions Philippe Rey (2010) – 205 pages

Notes

[1] En allemand : Friede = liberté, Hart = solide et Stahl = acier. EDIT du 17 MARS : dans son commentaire, Anne me fait justement remarquer que Friede signifie paix, et non pas liberté (qui se traduit par Freiheit). Du coup, mon hypothèse me semble bien moins pertinente.

[2] « La traduction, conclut-il, c’est l’art de l’aliénation, ou plutôt de la désaliénation : comment devenir un autre comme s’il était tout à fait lui-même ? Comment puis-je être un Espagnol tout en étant un Allemand en chair et en os ? Ainsi l’art du traducteur est-il le même que celui d’un acteur : l’art de se glisser dans la peau d’un autre, mais le traducteur est acteur agoraphobe, renfermé sur lui-même. Un acteur qui fuit les applaudissements et s’enferme des mois durant dans sa chambre. Un acteur sans corps, muni seulement de mots et de dictionnaires. »