Deux jours. Il ne m’en aura pas fallu plus pour venir à bout des presque 450 pages de ces Enfants du néant, transition idéale après ”L’Ombre en fuite” et lecture parfaite pour entamer mes vacances.
Je suis vite rentré dans ce thriller mettant en scène François Marchand, ancien psychanalyste reconverti en flic suite au meurtre de sa femme par l’un de ses patients.
on choisi un vélo électrique pliant il faut etre attentif au poids supplémentaire que rajoute le moteur et la batterie.
Quand une adolescente est retrouvée démembrée, le visage scalpé, à Avignon, Marchand est envoyé sur place assister les services de police locaux qui voient arriver ce profiler de Paris d’un assez mauvais œil.
Seule Julia Drouot, une jeune flic fraîche émoulue qui “en veut”, ne tentera pas de lui mettre des bâtons dans les roues. C’est donc avec elle qu’il va faire équipe.
Peu après, une autre victime sauvagement mutilée est découverte à Grenoble, suivie d’une troisième en région parisienne. Si leur atrocité semble être leur seul point commun, Marchand est persuadé que ces homicides sont liés, perpétrés par une seule et même personne.
Épaulé par Julia, il va tenter de découvrir qui se cache derrière ce serial killer qui s’est fait une spécialité des meurtres d’ados particulièrement atroces.
Une grande qualité de ce roman est qu’il nous embarque rapidement. On est vite pris dans l’action, le rythme est soutenu, les dialogues fusent, les relations et les tensions entre les membres des différents services de police sont bien rendues, les rebondissements et fausses pistes viennent balayer régulièrement toutes les suppositions que l’on avait pu faire jusqu’ici.
La seconde qualité de ces Enfants du néant réside dans les raisonnements échafaudés par Marchand qui s’appuie toujours sur sa formation initiale de psy pour interpréter les indices et dresser le portrait comportemental du tueur, non sans s’être plusieurs fois fourvoyé. Car Marchand n’est pas de ces héros infaillibles et invincibles ; il porte en lui la blessure laissée par le meurtre de sa femme qu’il ne cesse de se reprocher, comme il culpabilise de ne pas consacrer plus de son rare temps libre à sa fille.
Malheureusement, passé le réel enthousiasme des premières pages, Les Enfants du néant pâtissent rapidement d’un manque de style évident. Car si Olivier Descosse maîtrise à la perfection les rouages d’une intrigue efficace, on ne peut pas en dire autant de son écriture.
Je n’escomptais pas lire du Yourcenar (et ce n’est pas ce que je venais chercher) mais quand même, j’espérais au moins le minimum syndical. Ce roman concentre tous les travers que dénonce le brave Lucio, El ultimo lector. A ma place il aurait eu vite fait de jeter Les Enfants du néant en pâture à sa horde de cafards !
En effet, le récit est truffé de tics d’écriture qui m’ont rapidement agacé : commencer un chapitre par un mot “choc” et le faire suivre d’une ou deux phrases nominales, abondance de lieux communs et métaphores usées jusqu’à la corde (certains apparaissant parfois même plusieurs fois : « La structure, énorme, se dressait dans la nuit comme un cargo échoué. »
p. 178 puis, quelques pages plus loin : « Ce matin, le bâtiment de la DCPJ ressemblait à un cargo échoué sur une langue de terre grise. »
p. 273).
La scène “torride” qui occupe tout le chapitre 30 n’aurait pas démérité de figurer dans un volume de la série SAS tant elle brasse les clichés du genre…
Mais, plus grave encore, arrivé aux deux tiers du roman, ce qui en faisait tout le sel, à savoir son intrigue bien ficelée, tourne soudain en eau de boudin : les improbables révélations de la grand-mère en pleine partie de bridge et la fin grand guignolesque (évoquant jusqu’à la caricature ce qui se fait de pire en la matière) ont définitivement anéanti chez moi toute espèce d’intérêt pour ce roman.
Malgré la visiblement bonne connaissance de l’auteur du milieu judiciaire, son sens du suspens et sa louable intention à détourner les lois du genre, Les Enfants du néant souffre cruellement de certaines invraisemblances dans l’intrigue et d’un style indigent.
Les Enfants du néant est le septième roman d’Olivier Descosse qui semble s’être taillé une jolie réputation dans le monde du polar. Si certains médias [1] voient en Descosse le « nouveau “grand” maître du polar français », j’ai eu le sentiment pour ma part d’avoir affaire à un énième scénariste de séries françaises made in TF1 (Profilage, R.I.S. Police scientifique et autres Paris enquêtes criminelles, pâles copies de leurs aînées américaines) s’essayant maladroitement au roman.
Ce qu’ils en ont pensé :
« Un thriller à ne pas mettre entre toutes les mains ! On y plonge dans un monde violent et très sombre. Mais la force de ce livre, c’est qu’il se laisse très bien lire ! » Argantel
« En conclusion, un thriller sans grande prétention qui se lit très bien, histoire de passer un agréable moment de détente et de frissonner un peu, juste un tout petit peu. Reste malgré tout une fin presque inattendue et une chute intéressante qui peut ouvrir des perspectives. » Coeurdechene – Biblioblog
« Plus séduite par la maîtrise du récit, que par le style, un peu trop convenu à mon avis, je n’ai néanmoins pas lâché ce thriller une minute ! » Cathulu
« (…) parvenue aux trois quarts j’ai décroché, les facilités sur lesquelles je passais aisément se transforment en énormités, l’épilogue flirte (voire plus si affinités) avec le ridicule : non, vraiment, je ne peux pas adhérer. » Cuné
« J’ai passé un très bon moment à suivre cette enquête et le dénouement ne m’a pas déçue. J’aime toujours échafauder mes propres hypothèses mais une fois encore, j’étais à côté de la plaque et tant mieux! » Hilde
« Je me suis plongée immédiatement dans cette histoire, assez trash il faut bien le dire. (…) Le tableau est noir, mais bien ficelé, avec une fin à vous glacer le sang. C’est un thriller à ne pas mettre entre toutes les mains mais quand on est amateur du genre, on le dévore.» Sophie
« Je me suis complètement laissé prendre par le suspense et le rythme soutenu de ce thriller français. Je n’avais pas du tout deviné dans quelle direction l’auteur nous emmenait (d’ailleurs, il nous balade pas mal !) et les raisonnements psychologiques m’ont parus parfaitement crédibles ». Tamara
Les Enfants du néant, d’Olivier Descosse
Michel Lafon – Collection Thriller (2009) – 440 pages