Samedi dernier, dans les pages Transversales Week-end de Libération, Michel Tremblay nous a fait le compte-rendu de sa semaine, jour par jour (special thank to Olivier).
Il y est surtout question de la vie à Key West où il réside en ce moment, et d’écriture bien sûr (bonne nouvelle, la première mouture de son prochain roman, La Traversée du continent, est quasiment bouclée).
Il dédie l’entrée du jeudi au mystérieux sixième fantôme qui hante la couverture du Trou dans le mur :
JEUDI
La présence de Margo
C’est aujourd’hui le premier anniversaire de la disparition de Margo, un travesti que je voyais tous les après-midi au Coffee and Tea House et qui, sur l’affiche de ses spectacles, se faisait appeler «the oldest drag queen in captivity». C’était un vieux monsieur charmant, poli, tout le contraire du personnage flamboyant qu’il jouait quand il était habillé en femme, comme c’est souvent le cas pour les travestis. Il s’installait dans le fauteuil voisin du mien et feuilletait ses journaux pendant que je lisais. Je lui avais demandé la permission de me servir de sa photo de promotion pour la couverture du roman que j’écrivais alors, le Trou dans le mur, parce qu’elle me faisait penser à certains personnages qui le peuplent. Il avait semblé flatté et avait tout de suite accepté. Nous étions en mars 2006. J’ai dû faire un saut à Montréal et, lorsque je suis revenu, il était parti. Il était malade depuis longtemps, semble-t-il. Et le voilà, un an plus tard, sur la pochette du livre. Ce roman contient cinq histoires de fantômes et un sixième en orne la couverture… J’espère qu’il en serait fier. Nous ne parlions pas beaucoup, je ne peux certainement pas prétendre que c’était un ami, à peine une connaissance, mais sa présence me manque. C’est bizarre de penser qu’on puisse s’ennuyer d’une personne qu’on n’a presque pas connue…