lemebel-tremble-matadorSa prochaine parution en 10/18 est l’occasion idéale pour moi de vous parler de Je tremble, ô matador, l’excellent roman du chilien Pedro Lemebel.

Un vélo pliant qui rentre dans le coffre pour plus de mobilité urbaine. MINI présente sa solution éco-compatible pour résoudre le problème de la pénurie de places de stationnement en centre-ville : leMINI Folding Bike.

Personnage central de ce roman, La Folle d’en bas est un travesti vieillissant des quartiers populaires de Santiago du Chili, qui gagne sa vie comme brodeuse pour les nantis des beaux quartiers. Un jour, elle tombe sous le charme de Carlos, un jeune cubain membre d’un mouvement anti-Pinochet.
Quand il lui demande d’entreposer chez elle des cartons de “livres”, La Folle d’en bas ne peut refuser. Carlos en profitera pour lui demander ensuite d’héberger les réunions qu’il tient avec ses “camarades d’université”. Toute à son obsession pour le beau cubain, ce n’est que sur le tard que La Folle prend conscience de la réalité : Carlos et ses amis militants fomentent un attentat conte le dictateur.

Cette intrigue est entrecoupée des monologues intérieurs d’Augusto Pinochet, victime de la diarrhée verbale de sa femme, doña Lucia, qui ne pense que toilettes et chiffons, encouragée par Gonzalo, son Raspoutine de coiffeur. Excédé par le flot incessant des futilités de sa femme, Pinochet décide de partir s’aérer une journée à la campagne. Carlos et ses amis révolutionnaires vont profiter de cette occasion pour attaquer le convoi présidentiel.

Bien fol qui s’y fie. Ainsi succinctement résumé, Je tremble, ô matador pourrait passer pour un Harlequin gay sur fond de rébellion politique. C’est sans compter sur l’esprit subversif de Lemebel qui campe (sans jeu de mots) des personnages flamboyants, complexes et émouvants.

Le vieux travelo décati, au cheveu aussi rare que les dents, duquel on serait tenté de rire au début du roman, se révèle être un personnage plus qu’attachant. Par amour pour Carlos, La Folle d’en bas va se découvrir une conscience politique. Elle va s’investir à fond dans le combat contre la dictature et braver les dangers.
A son contact, Carlos, le Marxiste, va décorseter ses sentiments et s’humaniser. En trame de fond, Lemebel a utilisé des faits réels puisqu’en 1986, Pinochet a bel et bien réchappé d’un attentat. A souligner que les passages les plus cocasses sont justement ceux faisant intervenir Pinochet et doña Lucia. En utilisant pour son roman le titre d’une chanson d’amour de Sara Montiel, un boléro comme les affectionne La Folle d’en bas, l’auteur souligne le parallèle entre le combat taureau/toréador et résistants/dictateur.

Je tremble, ô matador est un roman tout à la fois drôle et poétique, truculent et plein de pudeur, avec ces excès qui font toute la saveur de la littérature baroque latino-américaine. Pour moi, ce roman est l’enfant naturel de Mario Vargas Llosa (et de sa Fête au bouc) et de Senel Paz (Fresa y chocolate), sur le berceau duquel se serait penchée la fée Reinaldo Arenas.
Un pur bonheur à paraître en mai, en 10/18 (et non, je ne suis pas sponsorisé).

PS : si jamais certains lecteurs de ce blog étaient metteurs en scène, ou connaissaient des metteurs en scène en recherche de texte, celui-ci se prêterait parfaitement bien à une adaptation au théâtre.

Je tremble, ô matador, de Pedro Lemebel
Traduction : Alexandra Carrasco – Denoël – 188 pages