…enfin, pas tout à fait. Bien évidemment, ni lui, ni Zelda n’étaient là en personne, mais leur esprit, aux côtés du Great Gatsby, étaient, eux, bel et bien présents.
Ce week-end, donc, je me suis fait un petit retour aux sources dans la capitale champenoise.
Par un hasard des calendriers, je suis arrivé le premier jour de l’exposition Années folles, années d’ordre, l’Art Déco de Reims à New York, qui se tient actuellement au musée des Beaux Arts de Reims.
Je ne suis pas spécialiste de la période, mais dans le cadre de mon boulot, j’avais reçu de leur part des informations plus qu’alléchantes.
L’occasion était trop belle pour que je n’aille pas y faire un saut.
La bonne surprise, je l’ai eue dès mon arrivée sur place : il y avait là si peu de monde, que dans un premier temps, je me suis demandé si je ne m’étais pas emmêlé dans les dates. Rien à voir avec les interminables queues des expos parisiennes, véritables chemins du combattant, où il est de bon ton de jouer des coudes pour se frayer un chemin jusqu’aux œuvres.
La deuxième bonne surprise, c’est quand la guichetière m’a annoncé le prix d’entrée (ah non, la vraie deuxième bonne surprise c’est quand elle m’a demandé si j’étais étudiant. Elle ne me semblait pas voir de problème de myopie et, je vous assure qu’elle n’était pas sénile !).
Pour trois euros, non seulement j’ai eu accès à l’expo et à la collection permanente du musée des beaux arts, mais j’avais également, dans un délai d’un mois, accès à six autres musées (tels que le musée de la reddition, la chapelle Foujita, l’ancien collège des jésuites…). Elle est pas belle la vie ?
Pour en revenir à l’exposition, même si elle a été reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture, je trouvais son intitulé un peu mégalo. Faire de Reims l’égale de New York, faut quand même pas pousser ! Eh bien, en sortant, je me suis dit que ma ville natale n’avait pas à rougir de la comparaison, sur le plan de sa richesse Art Déco.
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En outre, de nombreux artistes ayant œuvré à Reims ont également participé à faire du Normandie, paquebot transatlantique de légende reliant la France à New York.
J’ai ainsi découvert que Reims, détruite à 80 % par la première guerre mondiale, a été un étonnant laboratoire où les artistes s’en sont donné à cœur joie lors de sa reconstruction, donnant ainsi à la ville son identité nouvelle.
Si de nombreux bâtiments publics (comme la bibliothèque municipale ou le théâtre par exemple) mais aussi privés, portent l’empreinte de ces années folles, l’architecture est quasi absente de cette exposition (des parcours spéciaux sont organisés en parallèle à travers toute la ville). Elle est toutefois suggérée par des photographies ou des esquisses.
L’Art Déco a aussi intégré les intérieurs de certaines grandes familles rémoises qui ont fait appel aux services d’artistes pour redécorer leurs demeures. Certains, parmi les plus célèbres, comme René Lalique, Raymond Subes ou Jean Goulden, étaient installés en Champagne-Ardenne.
Cette exposition m’a également fait découvrir une facette de l’Art Déco qui m’était totalement inconnu : le renouveau de l’art sacré, dont l’Eglise St-Nicaise est l’illustration locale (car cette exposition ramène toujours son propos à Reims et aux liens que la ville a créés avec certains artistes).
Grâce à cette exposition, pendant quelques heures, j’ai fait un joli voyage dans le temps.
Les pièces exposées sont très variées -peinture, sculpture, dessin, ferronnerie, tapisserie, vitrail, laque, émail, verrerie, mobilier, mode, reliure, cinéma, publicité, graphisme…-, illustrant toutes les facettes de l’Art Déco. Donc, on y trouve de tout, quoiqu’en peu d’exemples.
C’est un peu frustrant, mais comme l’exposition est divisées en six grandes sections (La Rupture Art Nouveau/Art, Luxe et tradition, La nature, Renouveau de l’art sacré, Retour à l’antique, La structure et le décor), la variété des pièces présentées dans chaque section compense leur petit nombre.
Ma pièce préférée est sans conteste le vitrail que Jacques Simon a créé en 1928 pour l’Automobile Club de Champagne Ardenne et d’Argonne. Simon, par le cadrage et le traitement de son vitrail, a su transcrire l’impression de vitesse et reproduire le paysage tel que le conducteur au volant de sa voiture pouvait le voir. C’est simple, c’est beau et terriblement moderne.
Champardennais(es) et amateurs de toutes régions, ne passez pas à côté de cette exposition. Les œuvres présentées proviennent de nombreuses collections privées et publiques (dont des musées prestigieux tels que celui du Vatican, le musée d’Orsay ou The Royal Trust Collection d’Angleterre), et certaines le sont pour la première fois.
Le catalogue, très complet (le versant architectural y est un peu plus développé), suit les différentes étapes du parcours de l’exposition, et permet de prolonger agréablement la visite.
Pour en savoir plus : Reims Art Déco
Années folles, années d’ordre, l’Art Déco de Reims à New York, de David Liot et Catherine Delot
Editions Hazan – 258 pages