aswani-yacoubian Sexe, corruption, violence, religion. A première vue, on pourrait penser à un thriller à l’américaine, mais qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien là d’un roman populaire égyptien, où foisonnent personnages et intrigues, comme dans les feuilletons télévisés chers au cœur des Cairotes.

Il existe des housses de transport spécifiques au vélo pliable. Vous pouvez ainsi le transporter sans risques de tacher vos habits avec la chaîne ou les roues.

Le Yacoubian est un vieil immeuble au charme suranné, en plein cœur du Caire, vestige de la splendeur disparue de l’Égypte, du temps où toutes les cultures d’Europe se rencontraient sur les rives du Nil. C’est toute l’Égypte qui est concentrée dans cet immeuble en décrépitude, où cohabitent dans les étages ou sur la terrasse, des familles de conditions sociales hétéroclites, des nouveaux riches aux nouveaux pauvres.

Cairotes au menu. La mémoire du Yacoubian, c’est Zaki bey, vieil aristocrate ruiné par le pouvoir politique, nostalgique de la “grande époque”. Et ce n’est certainement pas son hystérique de sœur qui va l’empêcher de se payer les charmes de jeunes et jolies filles !
Il y a aussi, Taha, le fils du concierge de l’immeuble, excellent élève qui rêve d’intégrer l’école de police. Quand l’entrée à cette école lui sera refusée à cause de la modeste condition de son père, il intégrera un groupe islamiste qui recrute sur les bancs de l’université.
Et aussi, Boussaïna, son amie d’enfance, sa fiancée presque, petite vendeuse en magasin victime du harcèlement sexuel de son patron. Dès l’instant où elle décide de mettre son pouvoir de séduction à profit, elle va flirter avec la prostitution, jusqu’au jour où son chemin croisera celui du vieux Zaky.
Enfin, il y a Hatem, rédacteur en chef d’un journal francophone. Sa folle passion pour Abdou, un jeune conscrit, le mènera droit à sa perte.
Autour de ces figures centrales évoluent une nuée d’autres personnages hauts en couleurs, dont Azzam n’est pas des moindres. Le trafic de drogue a assuré la fortune de cet ancien cireur de chaussures qui, tout bigot qu’il est, pense que son argent peut tout acheter, de son poste de député à l’avortement de sa maîtresse.

Amateurs de sagas picaresques et de récits populaires réalistes vont être servis, d’autant plus que ce roman est remarquable par sa dimension sociologique. Alaa El Aswani, dentiste de profession et digne héritier de Naguib Mahfouz, a su donner à sa fresque sociale une dimension politique.
Sans jamais juger, il décrit son univers avec tendresse, mais sans aucune concession. A travers la vie quotidienne et les drames des occupants de l’immeuble Yacoubian, il dresse le portrait peu flatteur d’une société égyptienne en déliquescence, et plus largement de celle des sociétés musulmanes modernes, brisant du même coup les tabous générés par l’hypocrisie religieuse : la sexualité, la corruption généralisée, la montée de fanatisme… On est loin là des images idylliques des brochures touristiques.

Le succès de L’Immeuble Yacoubian à travers le monde, et notamment dans les pays arabes, est tel que le cinéma égyptien s’en est emparé pour y consacrer le plus gros budget de son histoire.
Ce film, qui a reçu le Grand Prix de l’Institut du monde arabe lors de la Biennale des cinémas arabes, est depuis peu sur les écrans français.
Site officiel du film en français et en anglais.

L’Immeuble Yacoubian, de Alaa El Aswany
Traduction de l’arabe (Égypte) : Gilles Gauthier – Actes Sud – 336 pages