cris-gaude Ces cris, ce sont ceux que lancent douze poilus de la guerre de 1914 du fond de leurs tranchées de boue gorgées de sang.
Ce sont aussi ceux, insoutenables, du soldat gazé, agonisant à quelques mètres de là.
Ou encore ceux, obsédants, poussés jour et nuit par l’« homme-cochon », un soldat fou qu’ils imaginent errant, tel un esprit prisonnier du purgatoire, entre les deux lignes de front.

Au fil des pages, les monologues intérieurs de ces douze compagnons d’armes vont se succéder, pour s’élever en une sorte de chant polyphonique, de prière incantatoire contre la barbarie et l’absurdité de la guerre.
Terrés dans leurs tranchées, ils vont, tour à tour, dire leur quotidien, rythmé par les assauts, mais aussi par leurs peurs et leurs douleurs.
La mort n’est jamais loin, même pour Jules, le permissionnaire qui a la chance de quitter le front pour quelques jours, mais qui reste obsédé par les voix de ses compagnons de galère.

A la sueur du front. Quand j’ai lu Cris, premier roman de Laurent Gaudé, je n’ai pas fait le rapprochement avec l’auteur consacré par le prix Goncourt en 2004 pour Le Soleil des Scorta, et tant mieux, car ça aurait sans doute influencé, malgré moi, mon ressenti.
En fait, il y a de la pièce de théâtre dans ce texte, et il n’est pas étonnant que l’auteur ait fini par l’adapter pour les planches.
Les mots et les situations sonnent justes. Le style épuré évite tous les excès du genre, pas de pathos inutile, de mélodrame dégoulinant ou d’héroïsme déplacé. Gaudé emmène son lecteur avec ses personnages dans le chaos des tranchées et lui fait éprouver -littéralement- la peur qui noue le ventre en permanence, la terreur à la pensée de mourir, l’angoisse de n’avoir d’autre choix que de devoir tuer pour survivre.

Lire un extrait ici.

kg par rapport à un vélo pliable conventionnel et difficile à plier.

Cris, de Laurent Gaudé
Actes Sud-Babel – 128 pages