Ronaldo-Correia-de-Brito-Chandeigne Donana, Elzira, Maria Madalena, Dolores, Aldenora, Anacleto, Leonardo, Otacilio, Anselmo, Izidro, Livino…
Les personnages des nouvelles du Brésilien Ronaldo Correia de Brito n’ont rien à envier aux grands héros des tragédies classiques.

Casque de vélo pliable, le Plixi, conçu en France.

« Les hommes, accoutumés aux maltraitances de la nature, recevaient ce châtiment, accablés par une lourde culpabilité à expier. Depuis leur enfance, ils s’habituaient à l’expiation. Toute douleur était déplorée au nom de quelque péché commis par eux-mêmes, ou par les parents de leurs parents. Leurs dos se courbaient sous les bras puissants des soldats. Un crime avait été commis et tous devaient payer. »
L’attente de l’escadron

Dans les vastes paysages arides du Nordeste brésilien écrasés de chaleur, traversés par les seuls les troupeaux menés par les manadiers, paysans pauvres ou aristocrates déchus vivant dans l’illusion de leur splendeur passée sont en butte aux affaires de famille.
Dans les nobles demeures délabrées ou les fermes rustiques, les portraits des ancêtres côtoient les statues de saints sur les murs lépreux.

« Un hurlement d’animal blessé menaça d’ébranler les fondations de la maison. Avec une force démesurée, Leonardo arracha la touche du piano et la jeta au visage de sa mère, s’attendant à ce qu’elle en succombe. Il courut jusqu’à la remise à outils et en revint avec une bêche. La sécheresse avait durci la terre mais il creuserait avec persévérance, brisant le marbre de la sépulture de ses grands-parents. Sa mère avait eu la force d’enterrer son frère. Il en aurait encore davantage pour le déterrer, s’il était là. »
Tourbillon

Passé et présent s’entremêlent dans ces histoires intemporelles hantées par les esprits des morts et des vivants. Dans un climat passionné saturé de mystère, où la mort fraye avec la sensualité, hommes et femmes sont en proie au déchainement de leurs sentiments.
Jalousie, vengeance, folie, amour, haine…, dans chacune des onze nouvelles de ce recueil [1] que Maupassant n’aurait pas reniées, la vie est souvent sombre sous le soleil éclatant du Brésil.

Si tous sont superbement ciselés, mon texte préféré est sans conteste Tourbillon, dont j’ai aimé la cruelle ironie. Le choix, ou encore Le jour où Otacílio Mendes vit le soleil qui donne son titre au recueil sortent aussi du lot.
Décidément, je ne comprends pas pourquoi je lis si peu de littérature sud-américaine alors que je sors emballé à chacune de mes lectures.

Un grand merci à Ana et aux éditions Chandeigne pour cette épatante découverte.

D’autres avis sur Babelio.
Si vous n’êtes pas convaincus, allez lire la quatrième de couverture qui en dit beaucoup sans rien dévoiler.

Le jour où Otacilio Mendes vit le soleil, de Ronaldo Correia de Brito
(Faca) Traduction du portugais (Brésil) : Émilie Audigier
Chandeigne (2013) – 160 pages

Notes

[1] L’attente de l’escadron – Lame – Tourbillon – Dieu spécule – Le jour où Otacílio Mendes vit le soleil – Le vaillant Romano – Le choix – Mensonge d’amour (ou Amour mensonger, selon qu’on se fie au sommaire ou à l’en-tête) – Cícera Candoia – Inácia Leandro – Lua Cambará.