brandreth-wilde-chandelles Gyles Brandreth a vécu toute sa vie « sous le signe d’Oscar Wilde »[1].
Il connaît tout de lui, de sa vie, des aphorismes qui l’ont élevé à la postérité, de la société victorienne dans laquelle il évoluait. Par cœur.

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Idolâtre manifeste, Brandreth maîtrise son Oscar Wilde sur le bout des doigts, comme d’autres leur Bach, ou leur Pythagore.
Et parce que Wilde éprouvait un réel intérêt pour le héros de Conan Doyle, il ressuscite le sulfureux irlandais et l’embarque dans une aventure policière, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles.

Étonnant, le postulat de départ n’en était pas moins séduisant.
Le résultat l’est beaucoup moins.
Le problème : Gyles Brandreth est un bachoteur. Son récit s’en ressent. L’ensemble est poussif et hautement démonstratif. Sans profondeur et sans éclat.

Ce qui est pénible avec les premiers de la classe, ce n’est pas tant qu’ils soient les premiers mais plutôt qu’ils ne ratent jamais une occasion de la ramener et d’étaler leur science comme de petits chiens savants tout fiers de débiter leur leçon apprise par cœur.

Ici, l’histoire (je vous fais grâce du “pitch” que vous pourrez retrouver dans les avis recensés en fin de billet) n’est pour l’auteur qu’un prétexte à déballer sa science. Avec la même suffisance béate que certains s’enorgueillissent de savoir démonter/remonter leur Famas les yeux fermés, en un temps record.

Sur le fil ténu de son intrigue, Brandreth enfile aphorismes, références biographiques et allusions littéraires. S’invitent à ce bal du name dropping Conan Doyle et Wilde, bien sûr, mais aussi Wordsworth, Shakespeare, Dickens et même Agatha Christie…
Le plus important pour l’auteur n’est pas que son récit soit charpenté et captivant, mais qu’il renferme le plus possible de preuves de son érudition wildienne. Quitte à ce que l’action ne soit pas toujours très fluide, que les dialogues sonnent parfois faux. Jusqu’à écœurement, jusqu’à épuisement du lecteur, il montre quel bon élève il est.

Pour ne rien arranger, plutôt que d’assigner à Wilde des méthodes d’investigation inédites, Brandreth se contente d’en faire une copie quasi-conforme de Holmes, un crack de l’analyse et de la déduction. D’ailleurs, j’en ai eu vite marre de me faire faire la leçon et d’endurer in extenso chacun des raisonnements qui l’amènent à ses si brillantes déductions.

Sans doute conforme à l’original, le Wilde de Gyles Brandreth monopolise l’attention et, tel un trou noir, aspire à lui toute la lumière, laissant les autres personnages dans l’ombre, seconds rôles fades et sans réelle consistance.
Si Wilde est une copie de Holmes, son acolyte, le poète Robert Shepard (qui a lui aussi réellement existé et sera même son premier biographe) est à la fois son Watson et son Capitaine Hastings. Agatha Christie n’aurait certainement pas renié la scène finale lors de laquelle Wilde réunit l’ensemble des protagonistes pour leur dévoiler de façon théâtrale le nom du/des coupable(s).

Et puisqu’il est question d’enquête, ce n’est pas avec celle du Meurtre aux chandelles que l’on pourra se consoler de ce pensum. Je ne suis pas un grand spécialiste de littérature policière, mais pour moi, un bon roman policier, c’est avant tout une intrigue musclée et retorse.
Rien de cela ici ; l’intrigue est rachitique à tel point que j’ai percé l’identité du coupable bien avant le dénouement, ce qui m’arrive pour ainsi dire jamais.

Pour faire court, j’ai trouvé ce whodunit lourdaud et indigeste.
« Nul ne commet un crime sans y joindre quelque maladresse », fait dire Brendreth à son Wilde. La preuve irréfutable en est faite avec cet Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles.

J’ai dû avoir comme un pressentiment en n’acceptant qu’un seul des quatre volumes que me prêtait ma sœur, tombée sous le charme de cette série.
Pour ma part, j’arrêterai les frais dès cette première aventure.

Gyles Brandreth présente Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles dans Un livre, un jour (21/04/2008) – Vidéo INA.

Ce qu’ils en ont pensé :

Alicia : « Ce roman nous apprend pas mal de choses véritables sur la vie de Wilde, mais je n’ai pas vraiment accroché à l’affaire policière en elle même. Dommage. Mais ça reste néanmoins une lecture plaisante sans prise de tête! »

Alwenn : « Voilà une lecture tout à fait jubilatoire ! (…) on passe un excellent moment, complètement absorbé par l’ambiance, les personnages, le style, l’intrigue… »

Angua : « C’est finalement davantage un récit historique centré sur le poète/romancier/dramaturge qu’un roman policier que j’ai eu entre les mains, l’intrigue étant à ce niveau tout ce qu’il y a de plus classiques… »

Armande : « Un régal de lecture ! (…) L’auteur fait revivre un Wilde plus vrai que nature jusqu’à ses traits d’esprit les plus remarquables qui émaillent le texte. »

Blanche : « C’est bien écrit, l’enquête est intéressante mais passe en second plan par rapport aux tribulations d’Oscar Wilde. »

Blodhorn : « Le concept est cool mais c’est largement inférieur à mes attentes. Dommage. »

Eiluned : « Une découverte superbe, avec un dénouement auquel je ne m’attendais pas mais alors pas du tout !!! »

Émeraude : « Je n’ai pas vraiment été si emballée que ça. Disons que j’ai trouvé ce whodunit plutôt pas mal. »

Émilie : « Après un début qui m’a particulièrement convaincu, j’ai au fur et à mesure ressenti une certaine irritation envers le personnage d’Oscar Wilde qui possède une personnalité qui peut vite “porter sur le système”. »

Erzebeth : « Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles n’a rien d’un grand roman. Et je ne suis même pas sûre que ce soit un “bon” roman. Cela reste plaisant à lire, c’est inoffensif. »

Estampilles : « Amateurs de bonnes intrigues, n’hésitez pas ! Voici un polar original, intelligent, parfaitement mené, ponctué des bons mots d’Oscar Wilde dans un style qui lui rend hommage avec beaucoup de délicatesse. »

Hydromielle : « L’ambiance est parfaitement restituée. Une sorte de savant mélange entre les livres de Doyle et ceux de Perry. Le meilleur du meilleur en quelque sorte. »

Karine : « Je ne sais pas à quel point l’ambiance est réaliste mais ça a très bien fonctionné pour moi, je m’y sentais ! »

Miss Alfie : « Au-delà des biographies officielles, cette manière de mettre en scène des personnages réels, et parce que Gyles Brandreth connaît parfaitement le monde d’Oscar Wilde, permet de mieux connaître et mieux comprendre une figure de la littérature haute en couleurs. »

Mo : « Ce roman, bâti comme un cénotaphe à Oscar Wilde et qui n’a de policier que le nom, est largement dispensable. »

Mrs Peppys : « Wilde ou Holmes ? J’avoue avoir été un tantinet déroutée, si ce n’est gênée, par ce personnage bricolé. Je ne m’en suis pas moins laissée prendre par l’intrigue et ses multiples rebondissements, quand bien même le dénouement est perceptible une fois passés les deux premiers tiers du roman. Le rythme du récit et le ton léger rendent la lecture agréable. »

Thé lectures et macarons : « On traverse la fin du XIXème siècle avec des personnages, des peintures, des expositions, des œuvres… Oscar Wilde est peint avec amitié, vénération, amour. »

Théoma : « Si vous souhaitez passer un bon moment en compagnie d’un roman délicieusement british composé d’un humour unique et savoureux, que vous connaissiez ou pas les œuvres d’Oscar Wilde, cette lecture remplira à merveille son office. »

Wictoria : « L’intérêt du roman est plus dans la découverte du monde victorien que celui d’une énigme policière à laquelle il est difficile de croire vu les invraisemblances. (…) Pour le reste, tout y est : les auteurs, les acteurs, les endroits, la mode, la condition de la femme, tout est brossé avec élégance et finesse. »

Yspaddaden : « Je trouve que l’auteur se livre à un exercice d’admiration qui nuit au roman lui-même (…) On dirait parfois du théâtre, plutôt mal joué avec des personnages secondaires improbables. »

Yueyin : « L’enquête est peut être assez quelconque quoique rondement menée mais l’atmosphère, le style, le cadre et les personnages compensent largement et en font une lecture décidément agréable et hautement victorienne. Réjouissant ! »

Et sur Babelio

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles, de Gyles Brandreth
(Oscar Wilde and the candlelight murders) Traduction de l’anglais (Royaume-Uni) : Jean-Baptiste Dupin
10/18 / Collection Grands détectives (2009) – 384 pages

Notes

[1] Ref. Le Magazine Littéraire