jessold-presume-stace « 24 juin 1923
A Kensington, un compositeur Charles Jessold, 35 ans, empoisonne sa femme, la cantatrice Victoria London, et un homme supposément son amant, Edward Manville, avant de se suicider d’un coup de revolver dans sa mâchoire. La représentation de son premier opéra, Le Petit Musgrave, dont la générale avait été donnée le soir même, est annulée. Le fils Jessold, âgé de deux ans, a été retrouvé endormi dans son berceau. »

Les vélos pliants sont une belle alternative pour des utilisations urbaines, de loisirs, en bord de mer.

A la veille de la première de son opéra, un compositeur maudit assassine sa cantatrice de femme et son professeur de chant qu’il suppose être son amant, avant de se donner la mort.
En ce début du vingtième siècle, le fait-divers fait les choux gras de la presse anglaise. Le scandale passionne d’autant plus les foules que le livret du Petit Musgrave raconte justement l’histoire d’un mari qui tue sa femme et son amant avant de se suicider.

Pour la police, la culpabilité du compositeur, dont les frasques et le penchant pour l’alcool étaient de notoriété publique, ne fait aucun doute.
Des années après le drame, Leslie Shepherd, alors septuagénaire au soir de sa vie, revient sur l’amitié singulière qui l’a lié à Jessold treize ans durant.
« J’ai fréquenté Jessold pendant treize ans, de 1910 à sa mort, en 1923. Toutefois je ne l’ai vu que très rarement durant les deux dernières années de sa vie. Et pas du tout au cours des quatre longues années de captivité pendant la guerre. Malgré tout, je puis dire que je le connaissais bien.
Je le connais encore mieux maintenant qu’il est mort. »

Lors d’une soirée mondaine au lendemain des funérailles du roi Edward, un inconnu amuse l’assistance avec un petit numéro dans lequel il se fait fort de reproduire rigoureusement toutes les mélodies que l’on joue devant lui.
Parmi les invités, Leslie Shepherd, critique musical pour le journal The World, est frappé par la similitude entre le patronyme du jeune homme, Charles Jessold, et celui d’un compositeur italien de la fin de la Renaissance, Carlo Gesualdo. A Jessold qui en ignore tout, Shepherd raconte l’histoire de celui dont le nom est passé à la postérité pour avoir assassiné sa femme et son amant.

Jessold devient un familier des Shepherd. A l’égal d’un bienfaiteur, le critique musical prodigue ses conseils à Jessold, suit de près les progrès de ses compositions, l’introduit dans la société… Son épouse, Miriam, une femme effacée, toujours plongée dans ses livres, comme absente et indifférente à ce qui l’entoure, semble s’accommoder de la présence répétée du jeune homme.
Assez rapidement, le jeune prodige rencontre le succès auquel la guerre va mettre un frein. Quand il rentre à Londres après quatre années de captivité en Allemagne, Jessold n’est plus le même homme. Il s’est mis à boire plus que de raison, son travail et sa créativité s’en ressentent.
Shepherd fait son possible pour que son protégé achève son premier opéra, inspiré du Petit Musgrave (The ballad of Little Musgrave and Lady Barnard). Cette ballade folklorique anglaise raconte l’histoire de Lord Barnard, un seigneur anglais qui surprend sa femme au lit avec Little Musgrave, un de ses servants, et les tue tous les deux avant de se suicider.
Une tragédie qui présente de troublantes similitudes avec celle de Gesualdo…

Après L’infortunée et Les garçons, Wesley Stace s’intéresse à nouveau à une époque charnière de l’histoire de l’Angleterre. Il s’agit cette fois-ci de la période peu avant la première guerre mondiale, et des années qui suivirent.
Roman complexe placé sous la dualité de l’amour et de la jalousie, Charles Jessold, meurtrier présumé développe une intrigue dont les multiples correspondances s’imbriquent les unes dans les autres, où il est également question de la création musicale, des balbutiements de la critique musicale et des liaisons dangereuses qui s’ébauchent déjà entre journalistes et artistes.

Au-delà de son contexte social et culturel, Charles Jessold, meurtrier présumé passionne par sa construction singulière où, après en avoir donné la version officielle, le narrateur livre sa version personnelle des faits. Les événements prennent alors une autre dimension et la réalité se révèle moins transparente qu’il y paraissait jusque-là.

Une lecture agréable[1], dévorée en grande partie dans l’avion qui m’emportait vers Égypte.

Pour connaître l’actualité de Wesley Stace, vous avez le choix entre son site web (qui, outre son activité d’écrivain, présente aussi son actualité musicale), sa page Facebook et son fil Twitter.

Charles Jessold a les honneurs d’un site web qui lui est entièrement consacré.

Sur lsite Evene, une interview de Stace, réalisée à l’occasion de la sortie du roman.

Enfin, dans cette vidéo, Stace lit un extrait de Charles Jessold, meurtrier présumé (en V.O.). Dans cette autre, sous son nom de scène, John Wesley Harding, il interprète la Ballade du Little Musgrave.

Ce qu’ils en ont pensé :

Le journal de François : « C’est une histoire qui m’a énormément plu à la fois pour l’univers et l’ambiance mais aussi par la construction originale de l’intrigue. »

The girl next door : « A l’inverse des précédents livres de Stace, les personnages sont bien peu attachants et je n’ai ressenti aucune envie d’en savoir plus sur eux. J’ai donc refermé le livre peu après en avoir lu la moitié… »

Et sur Babelio

Charles Jessold, meurtrier présumé, de Wesley Stace
(Charles Jessold, considered as a murderer) Traduction de l’anglais (États-Unis) : Philippe Giraudon
Flammarion (2011) – 425 pages

Notes

[1] même si, comme trop souvent, j’ai été agacé par des coquilles énôôrmes. Dans ses remerciements, Stace se moque gentiment du Benjamin Britten de Humphrey Carpenter, dont l’ « édition américaine détient le record du plus grand nombre de coquilles par page ». Il se montrerait certainement aussi critique sur la traduction française de son propre roman qui recèle de jolies pépites : « …n’importe quel œuvre anglaise. » p. 196 / « …était des plus classique. » p. 344 / « …je disais deux fois adieux à mon fidèle compagnon.» p. 350. Les correcteurs/relecteurs étaient en grève chez Flammarion ?