banier-jamais-aime Arrêtez de pleurnicher, Blanche-Neige et autres Cendrillon !
Elles ne sont pas si terribles que ça vos mères. Elles seraient même plutôt fadasses comparées à celle de Je ne t’ai jamais aimé.
Là, au moins, en voilà un monstre. Un véritable monstre de méchanceté et d’égoïsme.

, le vélo pliable Strida est traité pour résister à un environnement salin.

Vieillissante, mais refusant l’idée même de vieillesse, elle est prête à tout pour garder sous sa coulpe ce fils qui doit se marier dans deux heures.
Et elle n’en est pas à son coup d’essai, la garce. Elle a déjà fait capoter le précédent mariage de celui qu’elle veut à tout prix garder pour elle mais qu’elle n’a jamais su aimer.
Ni lui, ni personne d’ailleurs. Son mari et ses autres enfants ont eux aussi fait les frais de cette femme sans cœur.

Règlement de comptes à OK Corral. De temps à autre, François-Marie Banier troque l’appareil photo qui l’a rendu célèbre à travers le monde pour un stylo. Il a plusieurs romans et pièces de théâtre à son actif, mais de lui, je n’avais parcouru que ses livres de photographies.

Avec Je ne t’ai jamais aimé, je me suis régalé ! Au long des cinq scènes, mère et fils s’affrontent dans un duel verbal impitoyable et dévastateur, s’envoient quelques vérités bien senties et un nombre insensé de vacheries plus cinglantes les unes que les autres.
C’est cruel, amer, mais on rit aussi parfois… jaune. C’est aussi savoureux que ces bonbons à la gomme si acides qu’on ne peut s’empêcher de grimacer quand on les mange, mais qu’on s’empresse de finir pour replonger aussitôt la main dans le paquet. Un pur délice !

Au fait, les filles, toute ressemblance avec votre belle-mère est-elle réellement fortuite ?

Extrait choisi :
La mère : Réfléchis… Un enfant par chambre, c’est à coup sûr un petit malheureux dans chacune. La maman ne peut pas dire bonsoir à ses deux oiseaux en même temps.
Le fils : D’autant que nous étions trois !
La mère : L’un des deux est toujours jaloux.
Le fils : L’un des trois !
La mère : Deux, trois… bon !
Le fils : Elles étaient insupportables ces distributions de faveurs, le midi, que tu allais accorder le soir. « Toi, aujourd’hui, mon chéri, je ne t’aime pas. Alors, on n’a pas droit, après dîner, à une minute avec sa maman. Pas cette fois, non… A la rigueur dix secondes, mais pas de bisou… » A l’autre, on ne sait pourquoi : « Toi, mon Jésus, tu auras ta maman tout le temps que tu veux… ».
La mère : Je vous ai aimés autant l’un que l’autre.
Le fils : Aussi peu.

Je ne t’ai jamais aimé, de François-Marie Banier
Gallimard – 99 pages