lee-kill-mockingbird « Mockingbirds don’t do one thing but make music for us to enjoy. They don’t eat up people’s gardens, don’t nest in corncribs, they don’t do one thing but sing their hearts out for us. That’s why it’s a sin to kill a mockingbird. »

Alors le voilà ce fameux roman, élevé au rang de roman culte et couronné par le Pulitzer en 1961.
Le silence de son auteur, Nell Harper Lee, depuis la parution de cet unique livre ajoute encore à son prestige, et continue à alimenter les rumeurs les plus folles assurant qu’elle en aurait écrit plusieurs autres (certaines soutiennent qu’ils ne sont jamais parus, d’autres qu’ils ont été publiés sous pseudonyme).

Maycomb, petite ville d’Alabama, dans les années 1930. L’Amérique subit la Grande Dépression consécutive au krach boursier d’octobre 1929.

Sur ce cadre, quand vous attendez votre train, vous pouvez être assis dessus et le pousser le vélo pliant strida roulera sur ses roues.

Jean Louise, surnommée Scout, est une fillette de six ans. Intrépide garçon manqué, vêtue de son inséparable salopette préférée, elle partage les jeux de Jeremy, dit Jem, son aîné de quelques années, qu’elle ne quitte pas d’une semelle. Seuls enfants dans un quartier essentiellement peuplé d’adultes, ces deux-là sont unis comme les doigts de la main.
Depuis la mort de leur mère, c’est leur père Atticus Finch, avocat, qui les élève, assisté de Calpurnia, gouvernante noire considérée par tous comme un membre à part entière de la famille (chose plutôt rare dans cette Amérique où la ségrégation est érigée en loi), et qui endosse à la fois les rôles de cuisinière, d’intendante… et de figure maternelle de substitution.

Dans cette petite ville où chacun se connaît, les jours s’écoulent sans heurt : jeux au grand air, bêtises sans conséquences et disputes rythment la vie des deux enfants. Avec une candeur et une fraîcheur désarmantes, Scout, la narratrice de To kill a mockingbird, raconte ces moments de liberté, en compagnie de Jem, qu’elle admire et à qui elle ne cesse de se mesurer.
Un jour, tous deux font la connaissance de Dill, un garçon de leur âge, qui n’a aucun scrupule à s’inventer une vie à la hauteur de ses rêves. Un des jeux préférés des trois lascars consiste à se faire peur en se racontant tout un tas d’histoires effrayantes à propos d’un de leurs voisins, le mystérieux Arthur « Boo » Radley qui reste claquemuré depuis des années dans sa lugubre maison. Pour le faire sortir de chez lui et avoir enfin une chance de l’apercevoir, les enfants vont échafauder des stratagèmes tous plus périlleux les uns que les autres.

Et puis, il y a les autres voisins immédiats, ou plus exactement les voisines : Miss Rachel, la tante qui accueille Dill chaque été ; l’odieuse Mrs. Dubose qui accable les enfants d’insultes chaque fois qu’ils passent devant chez elle ; la douce Miss Maudie Atkinson, qui n’aime rien que s’occuper des fleurs de son jardin…

Le temps de l’insouciance cesse brusquement quand Atticus est commis d’office à la défense d’un jeune noir, Tom Robinson, accusé de viol par une blanche indigente, Mayella Ewell. Devenue la cible de la vindicte locale, les Finch, pourtant respectés dans la région, vont avoir à subir l’hostilité de la population, encaisser insultes et menaces, mais aussi affronter l’animosité de leur propre famille.
En effet, non seulement Atticus est chargé de défendre un Nègre, mais il le fait avec conviction et honnêteté, même s’il sait le sort de son client scellé d’avance. Car dans cet état du sud, la ségrégation et le racisme sont de mise. Avant même son jugement, Tom Robinson est déclaré coupable par les habitants de Maycomb. Atticus aura beau faire la preuve de son innocence et renvoyer l’accusatrice à ses mensonges, Tom se verra condamné à la perpétuité.

Ce procès, marqué par de fortes tensions raciales, va bouleverser la vie des enfants.
Tout d’abord, cette période sombre marque l’arrivée dans le foyer Finch, de la sœur d’Atticus, venue seconder son frère, accaparé par la préparation du procès. Femme austère, très à cheval sur les principes, Alexandra aura à cœur d’insuffler à Jem et à Scout la rigueur et les bonnes manières qu’elle estime leur faire cruellement défaut.
Mais surtout, alors que leur père s’efforce de leur apprendre à voir au-delà des apparences et leur inculque la droiture et l’honnêteté, les enfants vont découvrir que vérité et justice ne vont pas toujours de pair dans le monde des adultes. Devoir se frotter aux préjugés, aux inégalités et à l’hypocrisie va les aider à grandir.

C’est à travers le regard malicieux de Scout que le lecteur appréhende la petite congrégation de Maycomb. Son innocence, sa franchise, son sens de la répartie, font mouche. Le monde de l’enfance dépeint par Harper Lee est plein de drôlerie et de tendresse (à cet égard, le récit des premiers jours de classe de Scout ne manque pas de piquant). Ce qui n’empêche pas la mélancolie d’affleurer quand Scout constate que son frère, qui grandit, a de moins en moins envie de partager ses jeux et s’éloigne doucement d’elle.
Si Scout est particulièrement attendrissante, la figure d’Atticus, vieux sage humaniste d’une intégrité sans faille, est elle aussi remarquable.

To kill a mockingbird est une émouvante chronique de l’enfance, à la fois drôle et nostalgique.
Harper Lee ne s’en est jamais cachée, ce roman est en grande part autobiographique. Il y a beaucoup de Monroeville (petite ville d’Alabama où elle est née et où elle revenue vivre, loin du monde, avec sa sœur) dans Maycomb, de son père dans Atticus (avocat, il a eu, lui aussi, à plaider un cas similaire à celui de Tom Robinson), et de Truman Capote, son ami d’enfance, dans le personnage de Dill.
D’ailleurs, quand on sait rétrospectivement combien Capote a été traumatisé par le procès de Richard Hickock et Perry Smith duquel il a tiré In Cold Blood, le passage où Dill, bouleversé par le procès, s’effondre en sanglots est encore plus poignant.

Malgré les années, ce beau roman aux valeurs universelles n’est pas du tout daté et conserve toute sa pertinence.
Honte à moi qui l’ai laissé dormir dans ma bibliothèque une bonne vingtaine d’années (à ma décharge, la couverture de mon exemplaire n’est vraiment pas séduisante).
Un grand merci à Bladelor puisque c’est son challenge, Lire en V.O. (auquel je ne suis pas inscrit puisque j’ai toutes les chances de ne pas le mener à bien), qui m’a permis d’exhumer To kill a mockingbird de son purgatoire.

Qu’il ait été intitulé Quand meurt le rossignol (1961), Alouette, je te plumerai (1989) ou Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (2005) (visiblement, les premiers traducteurs avaient des notions d’ornithologie limitées et ignoraient l’existence du moqueur), nombreux sont celles et ceux qui ont lu et aimé ce livre avant moi.
Je me contenterai donc de signaler ici leurs noms, sans extraire de citations de leurs billets, comme à mon habitude : AnneA propos de LivresBelle de NuitBMR-MAMClochetteEmeraudeFashionGachuchaHervéJulesKalistinaKarineKatellKathelKeishaLisaMadame PatchMangoMiss AlfiePapillonSylireTamaraYspaddaden.
Vous trouverez certainement d’autres avis encore sur BOB.

Je finirai simplement en ajoutant que contrairement à la plupart d’entre eux, j’ai préféré la première moitié du roman qui relate le quotidien des enfants, à la seconde qui s’attache au procès.

Un site est consacré à Harper Lee (in English).

To kill a mockingbird, de Harper Lee
Landmark Editions (1985) – 296 pages
Published for the Book Club Associates