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Non, non. Il ne s’agit pas de moi.
Pas d’inquiétude. Je suis toujours lucide.

Cette citation est tirée du roman d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray.

Vélo pliant en excellent état à vendre.

« In the centre of the room, clamped to an upright easel, stood the full-length portrait of a young man of extraordinary personal beauty, and in front of it, some little distance away, was sitting the artist himself, Basil Hallward, whose sudden disappearance some years ago caused, at the time, such public excitement and gave rise to so many strange conjectures. »

L’annonce de la sortie prochaine de l’adaptation de Dorian Gray par Oliver Parker, a donné envie à plusieurs d’entre vous de (re)découvrir le roman de Wilde avant la sortie du film.

Et justement, sur son excellent blog, The book design review, Joseph Sullivan signalait hier une édition originale (dans tous les sens du terme) de The portrait of Dorian Gray, conçue par l’artiste Gareth Jones et le designer John Morgan, parue l’an dernier chez Four Corners Books.

Et originale, elle l’est effectivement à plusieurs titres.

Sa couverture, tout d’abord. Contrairement aux usages, elle ne porte aucune mention de l’auteur, du titre du roman, ni même de l’éditeur. Pas même une image qui pourrait suggérer l’ambiance du roman. Une simple citation, sur fond bleu, occupe tout l’espace : A young man of an extraordinary personal beauty (voir photo plus haut).

Autre particularité de cette édition : son format magazine (34 x 27.2 cm), à couverture souple, qui fait référence à la parution initiale du roman de Wilde dans les pages 1 à 100 du Lippincott’s Magazine de juillet 1890.
Pour “coller” à la forme, le texte a été formaté comme un article de presse, avec des polices et des casses différentes selon qu’il s’agit du texte, de citations mises en exergue…

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Enfin, Gareth Jones a pris le parti d’envisager l’histoire comme un drame d’époque situé dans le Paris des années 1970. Il explique le rapprochement, pas évident à première vue, entre 1890 et 1970, par un esprit commun de décadence, ou encore le retour du dandysme dans la mode des années 70.
Poussant l’analogie entre les deux époques encore plus loin, il a choisi d’illustrer le texte avec des publicités pour les cigarettes Gitanes, réalisées par la célèbre agence de graphisme britannique Hipgnosis, découpées dans les vieux exemplaires de l’Observer magazine de son adolescence.
Les mannequins au charme suranné de ces pubs font écho au narcissisme du personnage principal, tout comme le choix de Gitanes est censé rappeler les nombreuses références à la cigarette qui émaillent le roman.
Il paraît même que les fragment d’articles et les images qui à l’origine figuraient sur la même page que les publicités font souvent des clins d’œil inattendus au texte de Wilde.

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Livre d’art d’un genre à part, ce Portrait of Dorian Gray est le premier volume d’une série intitulée Four Corners Familiars’ qui pour le moment regroupe notamment une version du Dracula de Bram Stoker, par James Pyman, ou encore une version par David Musgrave de la nouvelle de Franz Kafka, Le vieux garçon.
En invitant des artistes à revisiter des textes classiques, oubliés ou épuisés, l’objectif de Four Corners Books est de leur redonner une nouvelle vie.

Pour ceux qui n’ont pas prévu de rendre visite prochainement à nos voisins Grands Bretons, il est notamment possible de se procurer cette édition via les sites britannique ou américain d’Amaz*n.
Personnellement, j’ai fort envie de tenter l’expérience d’une relecture en V.O. du Portrait de Dorian Gray pour le moins inhabituelle.