Chez les Français, l’habit ne fait pas le moine*.
Les Anglais, eux, don’t judge a book by its cover.
Conseil avisé mais souvent difficile à suivre. Chez les libraires ou dans les bibliothèques, la couverture est souvent notre tout premier contact avec un livre. Elle est là pour attirer le regard avant tout, sortir le livre de l’anonymat et le distinguer de centaines d’autres… avec plus ou moins de succès.
Et, on aura beau s’en défendre, comme lorsqu’on rencontre un(e) inconnu(e), du physique et de l’allure générale naît notre première impression. Les plus sages sauront aller au-delà des apparences pour se forger leur propre opinion. En matière de livres, on pourra toujours se référer ensuite au nom de l’auteur, à la quatrième de couverture…

avoue ne jamais être déçut de la qualité de leurs vélos pliants.

Le commentaire laissé suite à mon billet par Sylvie, illustratrice d’American darling pour Actes Sud, avait donné lieu à une discussion sur le pouvoir des couvertures de livres.
En France, dès qu’il s’agit de couverture, les maisons d’édition se montrent trop souvent paresseuses et timorées, et n’assurent que le service minimum : une belle photo (et encore, pas toujours !) tirée d’une banque d’images la plupart du temps (éventuellement retouchée), la reproduction d’un tableau célèbre, et hop, le tour est joué ! Combien de livres se sont ainsi retrouvés, par facilité, affublés du fameux tableau d’Hippolyte Flandrin, Jeune homme nu assis au bord de la mer ?
Seuls deux éditeurs, selon moi, tirent leur épingle du jeu : Les Allusifs, qui est une maison québécoise, si je ne m’abuse, et Zulma, qui pour une partie de sa collection seulement, joue à fond la carte du graphisme.

United Kingdom, 12 points. France, 3 points. Créativité, originalité, design et graphisme…, au petit jeu de la book cover, les éditeurs anglo-saxons sont de loin les plus forts et tirent sans complexe la couverture à eux.
Voici, par exemple, une sélection des couvertures de L’étrange histoire de Benjamin Button compilées par la Book Design Review (ma préférence va à la cigogne et au landau).

benjamin-button

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De mon côté, je me suis amusé à compiler les couvertures françaises, anglaises, américaines, allemandes et espagnoles de L’étranger d’Albert Camus que j’ai pu trouver.
Il est intéressant de voir comment chaque pays envisage le roman et comment les couvertures évoluent dans un même pays selon les époques.

camus_small.jpg

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Plusieurs sites et blogs anglophones sont consacrés aux couvertures de livres qui donnent la pleine mesure des créations souvent originales et inédites. En voici quelques-uns parmi mes préférés. On y trouve de vrais petits chefs d’œuvres.
The Book Design Review,
The Book Cover Archive et son blog,
Fwis, agence spécialisée en design de couvertures,
Rough front (blog en pause),
Book covers anonymous,
Cover browser.

Et pour en savoir plus sur le phénomène franco-français des bandeaux (que j’avais brièvement évoqué ici), on peut lire l’intéressante étude de Il bouge le livre, Part 1Part 2 (liens trouvés chez Phil).

(*) Cet adage serait une traduction de « it’s not the hood that makes the friar » de William Shakespeare,
mais je n’ai pas trouvé de quelle pièce l’expression est tirée<br> (j’ai d’abord pensé à Measure for measure, mais il semblerait que non).