07-03-01.JPG

Bonne nouvelle : après un long silence, Stephen McCauley a repris son blog en main et nous régale à nouveau de ses savoureux billets.

J’ai trouvé le dernier en date si irrésistible que je ne peux m’empêcher de vous le faire partager :

Mardi 27 février 2007

Après avoir brièvement flirté avec la psychothérapie (17 années), j’ai mis fin à ma relation avec mon psychothérapeute hier, dans un sursaut de confiance en moi qui a probablement plus à voir avec un « Je n’irai pas beaucoup mieux de toutes façons » que d’un grand « Je vais bien ! ». Ou peut être était-ce tout simplement parce que se garer près de son cabinet était devenu insupportable. J’ai ressenti une sorte de manque toute la journée, jusqu’à ce que je me décide à considérer tout ça comme une augmentation de salaire de 600 dollars par mois. Ça laisse pas mal d’argent à dépenser pour de nouveaux vêtements dont j’ai bien besoin. Soulagement.

Plus tard dans la journée, j’ai reçu les évaluations de mes étudiants du semestre dernier. Exceptionnellement positives. Mais j’ai particulièrement aimé les commentaires de deux étudiants, se démarquant de la rigueur intellectuelle et du sérieux académique, me complimentant sur ma garde-robe. «Aptitude incroyable au port de pantalons». « Pantalons impeccables ». J’ai flotté sur un petit nuage toute la journée, de cette façon tragique qu’ont tous les hommes vaniteux d’un certain âge, jusqu’à ce que, sur le chemin du retour, je réalise que ces deux commentaires se voulaient ironiques et offensants. Mes vêtements sont ringards ? Mes jambes maigrichonnes ? Tout à coup, mon augmentation de salaire devenait insignifiante. Quel est l’intérêt d’une nouvelle garde-robe quand on a trop mauvais goût et qu’on est trop maigre ? Je me suis dit que j’aurais du tenir encore une dizaine d’années avec mon psychothérapeute. Je me suis souvenu des difficultés pour se garer, et j’ai passé la journée dans un état de calme résignation.

Posté par Stephen@ 10:41 AM EST

Pour les amateurs, le site du Washington Post a mis en ligne la nouvelle inédite que McCauley a écrite pour leur Magazine spécial Saint-Valentin.