ben-jelloun-partir 14 kilomètres. Quatorze petits kilomètres seulement séparent les côtes marocaines de l’Espagne.
Pour les jeunes Marocains, garçons et filles qui observent les lumières sur la rive d’en face, le rêve européen semble à portée de main. Pour un peu, ils seraient prêts à le rejoindre à la nage.

Vélo pliant E-Bob Puissant avec une grande autonomie. Un maximum de confort et un look très novateur.

Tous n’ont qu’une obsession : « brûler » le détroit de Gibraltar, partir vers ce qu’ils imaginent être un avenir meilleur, quitte à périr dans l’aventure.
Comme tous ceux dont on a retrouvé, un jour, le corps gonflé, échoué sur une plage espagnole. Dans ce Maroc des années 1990, d’avant Mohammed VI, les jeunes, même les plus diplômés, errent, désœuvrés.
Frustrés, voire humiliés, par un pays où règnent chômage, corruption et trafics en tous genres, ils rêvent d’aller faire fortune en Europe, et de revenir au pays, un jour, la tête haute, et riches tant qu’à faire.

Pour réaliser ce rêve fou, tous les moyens semblent bons.
Nourredine, part à bord d’une embarcation illégale, surchargée par des passeurs sans scrupules, mais n’arrivera jamais à destination.
Mohamed-Larbi, qui a cherché refuge dans la religion, se retrouve retenu contre son gré dans un camp d’entraînement au Pakistan.
Azel a préféré suivre Miguel, un riche Espagnol qui le prend à son service, en échange du visa tant désiré. Après quelques mois passés à Barcelone, il convainc Miguel de faire venir sa sœur, Kenza. Tandis que celle-ci profite intensément de sa nouvelle vie, Azel, las de devoir satisfaire les caprices de Miguel à toute heure du jour et de la nuit, se renferme peu à peu sur lui-même, jusqu’à sombrer dans le désespoir.

De l’autre côté du miroir. La fuite est ce qui lie ces destins croisés. Bien plus que leur pays, les personnages de Tahar Ben Jelloun se fuient eux-mêmes.
La dure réalité du mirage européen va briser leurs rêves infantiles, pour les confronter à leurs fêlures et à leurs souffrances.

Ben Jelloun ne se pose pas en donneur de leçons, il se contente de raconter. Il raconte le quotidien de ces jeunes, de leurs familles, et à travers eux questionne sur les relations entre le Nord et le Sud, sur l’exil et ses blessures.
Par le roman, il nous faire entrer de plain pieds dans une actualité malheureusement banalisée.

Partir, de Tahar Ben Jelloun
Gallimard – 225 pages