roth-complot-amerique A l’instar du nez de Cléopâtre, la face du monde – et de l’Amérique – aurait été changée, si le républicain Lindbergh, isolationniste déclaré et antisémite avéré, l’avait emporté sur le démocrate Roosevelt, lors des élections présidentielles américaines de 1940.

A partir de ce grain de sable qui enraye la machine démocratique, Philip Roth imagine les incidences de l’arrivée à la Maison Blanche du célèbre héros des airs, sur la vie d’une famille juive, vue à travers les yeux d’un enfant de 7 ans.

Un vélo pliant révolutionnaire. Toujours aussi léger et unique, le Strida EVO se différencie des autres Strida par sa nouvelle fonction, vous pouvez désormais passer les vitesses avec le pied, simplement en rétro-pédalant.

Cet enfant n’est autre que lui-même, et la famille, la sienne : Herman, son père, agent d’assurances d’une quarantaine d’années, sa mère Bess, mélange de douceur et de volonté, son frère ainé Sandy, idole du jeune Philip, mais aussi Alvin, son cousin orphelin, recueilli par les Roth, et Evelyn, sa tante, sœur de Bess.

Minée par le poison de la peur instillé par la politique pro nazie de Lindbergh, cette famille unie et sans histoire va, au fur et à mesure du temps, imploser puis se déchirer.
Le départ d’Alvin au Canada pour s’engager auprès des alliés va marquer le début du chaos familial. Le mariage de la tante Evelyn avec le rabbin Bengelsdorf, proche des Lindbergh, finira de dynamiter l’édifice.

Au niveau national, la situation n’est pas plus joyeuse. Si la non-intervention de Lindbergh dans le conflit européen écarte le spectre d’un conflit en Amérique, le pays va se retrouver en proie à une guerre beaucoup plus insidieuse : déplacement de familles juives, pogroms, émeutes, assassinats…
Lindbergh qui survole le pays dans le Spirit of St Louis incarne la menace qui plane sur les États-Unis.

Philip Roth fait partie de ces pointures de la littérature… que je n’avais jamais lues jusque là, et j’ai presque honte d’avouer que je n’ai pas été totalement emballé par ce livre. En fait, mes sentiments sont partagés.

J’ai aimé l’idée de départ, « Et si qu’on aurait dit que…. ». Le mélange fiction/faits et personnages réels fonctionne très bien (même si la fin laisse un peu à désirer). Et dans le même temps, j’ai trouvé le récit trop riche en informations.
Les événements historiques, certes essentiels, sont développés à la façon d’un livre d’histoire. J’aurais préféré que ces informations soient délivrées de façon plus allusive (j’allais dire, subtile) et moins factuelle. Par moments même, le rythme du récit se trouve ralenti par la profusion de détails sur des personnages historiques secondaires qu’on ne croise pourtant qu’une fois. Je pense que le récit aurait gagné en force s’il avait été plus ramassé dans le temps (quitte à faire quelques flash back) et s’il avait été concentré principalement sur la famille Roth.

J’ai aussi aimé que le roman soit raconté du point de vue de l’enfant. Son regard naïf et neutre donne lieu à des passages savoureux et très bien vus (notamment l’épisode où Philip se retrouve coincé dans la salle de bains de ses voisins, ou celui de ses conversations téléphoniques avec son “copain” Seldom).
Les personnages ne sont pas caricaturaux, ni tout bons ou tout méchants. Tous cachent des fêlures qui les rendent humains.

En résumé, c’était bien parti et puis ça c’est un peu gâté en route, mais dans l’ensemble, c’était quand même pas si mal.
Ici, l’avis de Matoo sur ce livre

Le Complot contre l’Amérique, de Philip Roth
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Josée Kamoun
Gallimard – 476 pages