notions-isle-ceylan-jonville-ginkgo Un petit voyage au Sri Lanka, ça vous dit ?
Ou plutôt devrais-je dire à Ceylan, car en 1796, c’est encore ainsi qu’est dénommée cette île de l’océan Indien que les Anglais viennent tout juste de ravir aux Hollandais.

Parmi les vélos urbains, on retrouve les vélos pliables.

Deux ans plus tard, Frederick North, premier gouverneur de cette toute nouvelle province de l’Empire britannique débarque sur l’île. Eudelin de Jonville est de la petite délégation qui l’accompagne.

Naturaliste français au service du gouvernement britannique, mais aussi ami de North, Jonville va séjourner à Ceylan d’octobre 1798 à juillet 1805.
Durant ces presque sept années, il va sillonner l’île de long en large, rencontrer les autochtones, collecter leurs témoignages et rapporter dans son journal toutes les connaissances qu’il amasse sur cette contrée méconnue des Occidentaux.

Cet érudit polyglotte trouvera à Ceylan matière à satisfaire son insatiable curiosité. Aucun domaine ne lui échappe, depuis l’étude minéralogique des sols à la cartographie du lac de Kandelay dans l’est de l’île, en passant par l’observation minutieuse de la faune et de la flore.
Jonville s’intéresse aussi de très près aux populations : il étudie l’organisation de la société et ses coutumes, comment s’exerce le pouvoir royal et religieux, comment est régi le système de castes (il décrit plus spécifiquement celle des Chalias), rend compte des rites du mariage, du divorce, de la mort…
Il détaille aussi les différents costumes locaux, les instruments de musique traditionnels, la façon particulière de noter la musique…
Et bien sûr, il agrémente ses textes de croquis, dessins, cartes et aquarelles.

À travers la biographie de Marie-Hélène Estève et ses propres écrits, émerge de Joseph Marie Eudelin Mervé de Jonville l’image d’un de ces êtres bienveillants que l’on aimerait compter dans ses amis pour mieux en goûter la compagnie et la conversation.
Un homme brillant et généreux qui, à toute occasion, se montre curieux du monde qui l’entoure, qui manifeste une vraie humilité dans ses recherches, avance ses conclusions avec une certaine prudence (même s’il conclut à tort à l’antériorité du bouddhisme sur l’hindouisme) et sait rendre hommage aux travaux de ses prédécesseurs.
Peu d’Européens de la fin du XVIIIe siècle se sont intéressé avec une telle passion à la culture indienne. C’est à Jonville que l’on doit, par exemple, la traduction d’un poème mythologique du XIIIe siècle, qui sera la première traduction de l’histoire du cingalais vers l’anglais.

Présenté et annoté par Philippe Fabry, Quelques notions sur l’Isle de Ceylan a été rédigé en français. Jonville l’avait envoyé en 1801 à son frère en Angleterre pour que celui-ci le fasse imprimer… ce qu’il n’a jamais fait.
Oublié depuis lors, le manuscrit original d’Eudelin de Jonville dormait quelque part à la British Library de Londres. De même qu’une copie, dans un coffre du Musée de Colombo, au Sri Lanka.

Quelques notions sur l’Isle de Ceylan rassemble plusieurs documents :

  • Quelques notions sur l’Isle de Ceylan
  • Religions et coutumes de Ceylan
  • Abrégé de l’histoire des Chalias
  • Journal d’un voyage à Kandy, fait à l’occasion de l’ambassade du Major Général Macdowall en 1800
  • Journal d’un voyage dans les districts de Galle et de Maturé en 1800
  • Le lac de Kandelay
  • Aperçu géologique de l’île de Ceylan
  • Lettres à Son Excellence Monsieur le Gouverneur de Ceylan au sujet de la religion des Birmans.

Philippe Fabry et Marie-Hélène Estève livrent ici un travail de référence, complet et rigoureux, avec index et annexes, qui s’apparente à celui des chercheurs et universitaires. Je dois d’ailleurs reconnaître que j’ai parfois fait de larges impasses dans ma lecture quand de Jonville entrait trop dans le détail à mon goût.
Malgré tout, le soin porté à la composition de l’ouvrage (son format, les annotations en marge plutôt qu’en bas de page, par exemple) rend sa lecture moins ardue aux néophytes dont je suis.
Une chose est certaine : Quelques notions sur l’Isle de Ceylan donne grande envie d’aller, sur les traces de Jonville, découvrir cette île enchanteresse.

La biographie d’Eudelin de Jonville qui introduit Quelques notions sur l’Isle de Ceylan est disponible sur le site des éditions Ginkgo.

C’est le billet de Keisha m’a donné envie de me plonger dans Quelques notions sur l’Isle de Ceylan.
Chose faite plus vite que je ne l’escomptais grâce à l’opération Masse Critique de Babelio, en partenariat avec les éditions Ginkgo.

Quelques notions sur l’Isle de Ceylan, d’Eudelin de Jonville
Transcription du manuscrit non publié, introduction et notes de Philippe Fabry
Documentation, recherche et biographie de Marie-Hélène Estève
Ginkgo / Collection Mémoire d’Homme (2012) – 240 pages