Déjà quatre hivers à ne savoir que faire
À compter les vagues de la mer
Et des nuits à ne savoir qu’en faire
Combien de souvenirs amers, combien de souvenirs amers
Combien d’années, combien d’années avant de voir ta lumière
Combien de jours, les jours sont comme des années lumière
Déjà quatre hivers à ne savoir que faire.
Étienne Daho – Quatre hivers (écouter ici)
Aurélien et ses parents viennent de déménager.
Nouvelle ville, nouveau lycée aussi pour l’ado qui devient ainsi le « petit nouveau ».
Vidaxl vélo électrique pliant en alliage .
Là où d’aucuns ne ménageraient pas leurs efforts pour devenir populaires et se faire accepter par le reste de la classe, lui reste à l’écart.
Pas dans le genre timide ou crâneur, non. Il se révèle plutôt aimable et charmant quand on lui adresse la parole ; il rit même aux blagues. Mais mieux vaut ne pas compter sur lui pour engager une conversation.
« Ce que je veux, c’est faire partie d’un tout – mais sans qu’on s’adresse à moi de façon personnelle. »
Personne ne tient rigueur à Aurélien de son attitude effacée. Tous ont fini par l’accepter, comme faisant partie intégrante de sa personnalité.
Tous, sauf Thibaud.
Thibaud, c’est la vedette du lycée. De ces garçons magnétiques, agréablement charmeurs et sûrs d’eux, un brin désinvoltes, à qui tout semble réussir sans qu’ils aient besoin de trop se fouler, appréciés autant des élèves que des professeurs.
À la grande surprise du garçon qui n’en demandait pas tant, Thibaud se montre volontiers amical, semblant rechercher sa compagnie. Insensiblement, il entreprend de saper en douceur les barrières derrière lesquelles se retranche Aurélien.
Quand Thibaud l’invite à sa soirée d’anniversaire, Aurélien se sent à la fois touché, flatté et embarrassé par l’attention qui lui est témoignée. Il accepte l’invitation mais ne peut s’empêcher de se demander pourquoi Thibaud cherche à tout prix à gagner son amitié et où il veut en venir exactement.
Deuil, culpabilité, amitié ambivalente, rédemption par l’écriture… ça ne vous dit rien ? C’est que vous n’êtes pas familier avec l’œuvre de Jean-Philippe Blondel. Autant de thèmes qui sont le leitmotiv de l’auteur, qu’il écrive pour la jeunesse ou un public plus large. Sa marque de fabrique en quelque sorte.
À 17 ans, Aurélien a choisi d’être un naufragé volontaire. Bombard des sentiments, il prend soin de rester hors de portée des autres ados. Mais, comme Thibaud, le lecteur sent bien que la réserve de l’adolescent dissimule quelque chose de plus sérieux.
Des flashbacks prouveront qu’Aurélien n’a pas toujours été ainsi. Son désir de devenir transparent (à la lecture, Fade to grey, de Visage n’a cessé de me trotter dans la tête) apparaît alors comme un châtiment auto-infligé. Comme s’il pensait porter la poisse à ceux qui s’intéressent à lui, et que de s’en éloigner était le seul moyen de les préserver.
L’amitié de Thibaud vient peu à peu à bout de sa réserve. Grâce à son nouvel ami, il va découvrir les sessions de slam. Une vraie révélation pour Aurélien ! Une soupape, un sas de décompression où il va enfin pouvoir évacuer sa culpabilité, exprimer tout le remords qui le ronge et l’oppresse depuis cette soirée d’hiver, quatre ans auparavant.
Pour qui a déjà lu Blondel, la fêlure d’Aurélien, ce « secret » qui sous-tend l’intrigue n’en est pas vraiment. Et peu importe d’ailleurs, car ce n’est pas là que réside la force de ce Brise-glace mais plutôt dans sa fine analyse des états d’âme adolescents.
A ce jour, Brise-glace est sans conteste mon préféré des romans Jeunesse de Blondel. A mon sens, le plus émotionnellement troublant, le plus émouvant. Le plus douloureux aussi. Au moins autant que Et rester vivant, mais sans l’indicible malaise que j’avais ressenti à la lecture et même ensuite (je prendrai peut-être le temps un jour d’en parler plus longuement ici).
Les premières lignes du roman ainsi qu’un passage lu par l’auteur sont en ligne sur le site web d’Actes Sud.
Ce qu’elles en ont pensé :
Argali : « Une fois de plus, Blondel nous touche. Les personnages sont bien dépeints, leur sensibilité est juste ; on sent derrière l’écriture une fine observation des jeunes d’aujourd’hui ainsi qu’une grande tendresse pour eux. »
Bauchette : « Encore un très bon roman de Jean-Philippe Blondel, peut-être l’un de ses meilleurs. L’auteur confirme là qu’il est un des meilleurs auteurs pour adolescents du moment. »
Clara : « Des phrases courtes, un style où Jean-Philippe Blondel nous envoie des décharges émotionnelles et de l’humour. »
Clarabel : « Un roman accessible, poignant et généreux. »
Encres Vagabondes : « Un livre fort et émouvant qui devrait passionner les ados. »
Laure : « Je pense qu’il y a là matière à le toucher, ne serait-ce que par le ton très proche : Blondel est un fin observateur de l’adolescence (il est enseignant en lycée) et ça se sent ! »
D’autres avis sur Babelio.
Brise-glace, de Jean-Philippe Blondel
Actes Sud Junior (2011) – 112 pages