murail_oh_boy Ne jamais laisser les autres les séparer.
C’est le jurement solennel que se sont fait les enfants Morlevent quand ils se sont retrouvés seuls, à la mort de leur mère.
Leur père s’était évanoui dans la nature des années auparavant, sans plus jamais donner de ses nouvelles.

Une multitude de choix existent dans la gamme des vélos pliants.

En attendant une meilleure solution, l’assistante sociale a placé les trois jeunes orphelins, Siméon, 14 ans, Morgane, 8 ans et Venise, 5 ans, en foyer d’accueil.
De son côté, la juge des tutelles a entrepris de retrouver d’éventuels parents susceptibles de recueillir les enfants. Ses recherches révèlent l’existence de deux autres Morlevent, Josiane et Barthélemy, demi-frère et demi-sœur issus des frasques paternelles, aussi dissemblables qu’il se puisse imaginer. Tellement, qu’ils se détestent depuis toujours.

La première est l’image même de la stabilité que la juge et l’assistante sociale recherchent pour les enfants : ophtalmologiste, elle vit dans les quartiers huppés avec son mari. Quadragénaire BCBG en mal de maternité, elle voit dans Venise, petite poupée mignonne à croquer, l’occasion inespérée de devenir enfin mère. Mais pas question qu’elle s’embarrasse des deux plus grands.
Le second, la trentaine, n’a pas de véritable emploi fixe. « Pédésexuel » fantasque « avec des boucs d’oreilles », il va tomber sous le charme de ces enfants qu’il avait plutôt tendance à considérer jusque-là comme une guigne.

De la rassurante, mais revêche, Josiane ou de l’insouciant, mais indulgent Bart, qui aura la préférence des enfants ?
Quelle sera la décision finale de la juge ?

Du chemin a été parcouru depuis la fameuse émission que Ménie Grégoire consacrait à « L’homosexualité, ce douloureux problème », le 10 mars 1971 sur RTL. Il n’empêche qu’en 2010, l’homophobie est toujours bien vivace, dans les cours de collèges et de lycées notamment.

Avec Oh, boy !, Marie-Aude Murail offre aux ados matière à réflexion, tout à la fois exempt de militantisme et de conformisme.
Loin de l’imagerie tragique, Bart n’est pas le pédé honteux ou pestiféré de service, mais il n’en est pas tout rose pour autant (si je puis me permettre). D’ailleurs, si son comportement de grand enfant et sa passion des jeux vidéo séduisent les enfants, son côté irresponsable et égoïste irrite les adultes, tout comme ses allures assumées de grande folle les mettent mal à l’aise.
L’irruption des enfants dans sa vie va le forcer à se coltiner des responsabilités qu’il a toujours fuies. Immature, c’est bien malgré lui qu’il finira par endosser son rôle de grand frère, notamment vis-à-vis de Siméon, le surdoué de la famille, bien trop sérieux pour un garçon de son âge.

Au demeurant, il serait injuste de réduire ce roman à sa seule dimension homosexuelle. Il y est également question de solidarité, des liens familiaux et de thèmes plus graves comme la mort, la maladie, la violence conjugale.
Alors évidement, présenté comme ça, on pourrait s’attendre à trouver dans Oh, boy ! une énième version de la veuve et des deux orphelines. Ce n’est pas le cas, malgré une succession de malheurs que l’on serait en droit de trouver excessive. Racontée avec finesse et sensibilité, cette jolie histoire est émouvante certes, mais aussi très drôle (j’ai adoré la spontanéité de la petite Venise dont les remarques sonnent juste).
Oh, boy ! est ma première incursion (réussie) dans l’univers de Marie-Aude Murail, superstar de la littérature jeunesse.

Oh, boy ! est une belle entrée en matière pour qui souhaite aborder ce sujet délicat avec des enfants.
Depuis sa parution, ce livre connait un beau succès : il a reçu une flopée de prix et son adaptation théâtrale par Olivier Letellier a été couronnée par le Molière du Spectacle jeune public 2010. Il a été également fait l’objet, en 2008, d’un téléfilm réalisé par Thierry Binisti, sous le titre On choisit pas ses parents !

Le site de l’auteur (apparemment laissé à l’abandon).
Une intéressante entrevue de Marie-Aude Murail par Emmanuel Ménard sur altersexualite.com.

Ce qu’ils en ont pensé :

Clochette : « A partir d’un sujet plutôt triste, Marie-Aude Murail nous concocte un récit vif, drôle, emporté, avec des dialogues savoureux et des sujets rarement traités en littérature jeunesse, l’homosexualité notamment. »

Folfaerie : « J’ai commencé quelques pages avant de me coucher, juste pour voir si ça me plaisait. Résultat, entre rires et sanglots, je ne me suis pas endormie avant d’avoir tourné la dernière page. Ouf, que d’émotions… »

Mango : « J’ai beaucoup aimé la fin tout comme j’ai adoré ce roman drôle et émouvant, inattendu aussi ! C’est un grand coup de cœur pour moi. »

Naniela : « Une petite merveille à laisser entre toutes le mains. Petites et grandes ! »

Nicolas : « Marie-Aude Murail compose ici un roman particulièrement attachant, poignant bien qu’aussi drôle (sinon plus) que Ma vie a changé. Il y a du J. D. Salinger là-dedans, si l’on se souvient en particulier de l’idée de fratrie dans Franny and Zooey, ou encore de la tendresse de Holden pour Phoebe dans le mythique et inégalable Attrape-cœurs. »

Psykokwak : « J’ai absorbé le livre d’une traite, essuyant de temps en temps quelques larmes impossibles à retenir. Incroyable comme cette histoire quelque peu abracadabrantesque a réveillé en moi mon côté midinette. (…) Voilà un beau livre qui devrait figurer dans la liste des livres à lire durant la scolarité. »

Sous le feuillage : « Marie-Aude Murail nous raconte un remake des Aventures des orphelins Baudelaire, version courte et française, version réaliste mais non fataliste. Avec des personnages attachants… »

Oh, boy !, de Marie-Aude Murail
L’École des Loisirs / Collection Médium (2000) – 208 pages