Dans notre grande série “J’ai testé pour vous”, voici deux façons différentes d’appréhender la lecture, dont j’ai fait l’expérience récemment.

La lecture par de grands comédiens

J’ai regardé dimanche matin la rediffusion de l’émission spéciale de La Grande Librairie lors de laquelle des comédiens, en direct du Théâtre du Rond Point, lisaient des extraits de leurs textes préférés.

Le vélo pliant est facile à transporter mais épuisant à utiliser.

Si j’ai dégusté la lecture impeccable de la Princesse de Clève par Dominique Blanc, j’ai été soufflé par la lecture que Guillaume Gallienne a faite de Sodome et Gomorrhe.
Ce garçon est insensé. C’est fou comme à travers sa lecture, ou plus justement de son interprétation, il a réussi à faire jaillir toute la causticité du dialogue qu’il avait choisi. Proust virtuose de l’humour camp et bitch, qui l’aurait crû ? certainement pas moi qui ai tant peiné à finir Du côté de chez Swann !
S’il est un homme qui serait capable de me faire ingurgiter l’intégrale de la Recherche, c’est bien lui. Dis monsieur Gallienne, tu veux pas les faire un peu plus longues tes lectures et enregistrer la Recherche ? Pleeeeeaaaaaaaaaaase.

Au passage, j’ai également apprécié ce que j’ai pris – à tort ou à raison – comme un clin d’œil espiègle : la lecture par Frédéric Mitterrand, présent en sa qualité de ministre de la Culture, d’un extrait du Dernier crâne de M. de Sade, de Jacques Chessex.

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© Christophe Fillieule / La Fabrik / FTV France 5

Pour voir, ou revoir, cette spéciale, c’est sur le site de France5.

Edit de 10h30 : le billet de Folfaerie, aussi emballée que moi par cette émission spéciale.


La lecture interactive

Depuis le 27 mai et jusqu’au 10 juin, Le Monde, en collaboration avec J’ai Lu, renouvèle le genre du roman feuilleton.
Chaque jour à 12h45, LeMonde.fr met en ligne un nouvel épisode de Muti, polar interactif inédit de Caryl Ferey.

Cette expérience originale utilise toutes les possibilités de l’interactivité : photographies d’Alice Buckley qui plantent les décors, ambiance sonore (bruits de la rue, radio de la police…), musique originale, informations complémentaires qui apparaissent en pop-up, dessins d’Edmond Baudoin, vidéos…

Le pitch : à quelques jours de la coupe du monde de football, le corps émasculé de Martin Songa, jeune espoir des Bafanas Bafanas, l’équipe nationale d’Afrique du Sud, a été retrouvé sur un terrain vague de Cape Town. Le lieutenant Saul Dukobe est chargé de l’enquête.

Dans les quatre premiers épisodes, on retrouve l’ambiance poisseuse de Zulu (même décor, même sauvagerie).
Mais si l’expérience est indubitablement intéressante, cela s’apparente plus à mes yeux à un jeu vidéo qu’à un roman, le texte se trouvant réduit à sa portion congrue. La débauche d’outils interactifs aurait même plutôt tendance à en accentuer l’aspect anecdotique. Un bon point tout de même : les ambiances sont suggérées, les personnages jamais représentés, laissant ainsi la place à l’imagination du lecteur.

En outre, sans doute justement parce que le dispositif laisse peu de place au texte, l’intrigue n’est pas très prenante pour le moment. Mais, on n’en est qu’au quatrième épisode, le décor se plante doucement. Le rythme va peut-être s’accélérer par la suite.

A signaler pour les geeks que Muti est également disponible en version iPhone (via l’application LeMonde.fr) et ePub (à télécharger sur e-book). La version papier du roman (dans une version plus développée, j’espère) paraîtra dans l’année.

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© Alice Buckley

Tous les épisodes de Muti sont à découvrir à cette adresse.