pourcher-coupes-champagne Paris, les Années folles.
Fraîchement débarqué à Paris, Lucien, jeune provincial, parvient à infiltrer les milieux de la haute société.
Tour à tour gigolo, homme à tout faire, toujours dans le sillage des femmes du monde, il côtoie les plus grands de l’époque, est de tous les cocktails, dîners et bals, fréquente les champs de course, est invité aux défilés de mode, voyage à travers le monde à bord des premiers vols commerciaux… Sa position d’observateur privilégié lui vaudra d’être engagé comme chroniqueur mondain pour Vogue.
« Quand je songeais à mon enfance, tout me faisait horreur. Cette vie sage, triste, où tous les jours se ressemblaient. J’avais oublié mon père, ses relations, la gouvernante qui avait veillé sur moi. A Paris, je me sentais fort, indispensable même. J’étais un merveilleux danseur. Dès que l’orchestre commençait, j’invitais une belle femme, et je valsais, valsais. Quand j’arrêtais, elle souriait. Les tangos commençaient. J’entraînais mes partenaires, je les guidais, loin, très loin. Un garçon en habit nous portait des coupes de champagne. Nous buvions. Toute la nuit, je continuais. J’étais fêté, entouré, aimé. Du moins, je le croyais. »

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La crise des années 30 met brutalement fin aux Années folles, la guerre éclate, la France, divisée en deux zones, est occupée. Mais pour le gotha parisien, rien ne semble avoir été bouleversé. La vie n’est que champagne, glamour, insouciance et légèreté.
Certains seront prêts à toutes les compromissions pour que rien ne change.

« A chacun son occupation », clamait haut et fort le bandeau.
Quelle déception !
Même si je devine que l’objectif d’Yves Pourcher, à travers la superficialité de son personnage, est de traduire la vacuité de la caste qui l’occupe, il y a tellement bien réussi qu’il a rapidement fini par m’ennuyer.
En se contentant de décrire platement une succession d’événements mondains, l’auteur donne l’impression d’avoir mis bout à bout les légendes des photos trouvées dans les pages mondaines des Point de Vue, Gala ou Match de l’époque.

Car, s’il est une chose que l’on ne peut reprocher à Trois coupes de champagne, c’est la qualité de sa documentation, son foisonnement d’informations en tout genre.
On n’ignore plus rien des évolutions de la mode, du renouvellement des étoffes, de la taille des robes aux types de chapeaux en vogue….
Peintres, écrivains, acteurs, couturiers, membres de la jet-set, hommes politiques…, tout le bottin mondain de l’époque se retrouve concentré dans les pages de ce roman ! Mention spéciale pour le name-dropping.
Le problème, c’est que rien n’est approfondi. Tout ça est livré comme le ferait un élève soucieux de montrer qu’il maîtrise bien son sujet, plaçant le maximum de citations dans sa dissertation.
« Au mois de juin, j’allais chez Delage, au 150 de l’avenue des Champs Elysées. Pour essayer la nouvelle D8, je sortis de Paris.
« Comme un souffle léger dans la campagne silencieuse, rapide et fière, elle passe… »
C’était cela, exactement, comme dans leur publicité.
Pour le Club du Lundi, aux Ambassadeurs, le vicomte Benoist d’Azy lança la saison. Albert recevait et l’orchestre noir du Florence, avec Lewes et Willy, entraîna les cavaliers. Les robes d’organza et de tulle flottèrent au rythme des valses. Les fleurs, les rubans, les plumes et les écharpes se mêlaient étroitement. Ils dessinaient, entouraient, entraînaient. Les jours suivants, Cecil Beaton photographia les Windsor. Au bal du baron Maurice de Rothschild, « au clair de lune », je vis des pierrots, des étoiles, des croissants et des losanges noirs posés sur des fonds clairs. Ils me rappelèrent un de mes livres d’enfant.
Tous les chapeaux d’hier semblaient dépassés. Les petits, les grands, les moyens, les retroussés, les baissés, les sans-bord, les sans-calotte, les charlottes, les galettes, les trotteurs, les chapeliers étaient bousculés et pire, délaissés. Les nouveaux avaient découvert le fauvisme et même le cubisme. Ils attiraient le regard et donnaient sens aux tenus.
Chanel joua avec les tailles. Appuyées contre des miroirs dorés, les femmes levèrent les ras, tournèrent, s’envolèrent. Pour le dîner ses Fleurs, j’allais au Pavillon italien, et pour la Nuit Directoire, à une incroyable fête, au palais-Royal. Au 21 de la place Vendôme, Bettina veillait sur l’exposition internationale du Surréalisme, sur les collections et sur le lancement de Shocking dont le flacon reproduisait le buste parfait de Mae West »

Au bout de 140 pages, j’ai commencé à sauter des paragraphes, puis des pages, pour finir par aller voir au chapitre suivant. Pas mieux.
Alors je suis allé directement au cœur du sujet : l’Occupation. Toujours pas mieux. Entre deux comptes-rendus mondains sont glissées les bassesses des uns et les petites ou grandes collaborations des autres, mais de la psychologie des personnages ou de leurs motivations profondes, toujours rien…

J’ai refermé le livre.

Trois Coupes de champagne, d’Yves Pourcher
Grasset (2009) – 235 pages