Dans sa librairie, le vieux Monsieur Combes, contemple Théo, son jeune commis «mort, stupide dans l’imprévu, gisant au pied du bureau brun, au milieu du décor acajou qui rit, ploie sous des livres alignés, muets mais frappés d’épouvante; sa nuque brisée sur le velours d’un fauteuil, le buste à demi penché, les jambes allongées droit devant, tristes.»
, avant d’aller dissimuler le corps en l’enterrant dans sa cave.
Le mystère de la disparition soudaine de Théo, que la police locale n’a pas réussi à élucider, commence à faire jaser dans le petit village de Morghor. Mais bien plus encore, l’arrivée du beau et jeune Anton, le nouvel employé que Combes a engagé pour remplacer Théo à la boutique, va alimenter le moulin à rumeurs du village, colportées avec avidité par la mercière Evangeline Agrobis, l’amoureuse éconduite du vieux libraire : Combes serait-il un inverti ? N’aurait-il pas liquidé Théo qui aurait repoussé ses assauts ?
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«Coupable, Combes !», voilà ce que ne cesse de répéter la mauvaise conscience du libraire. Mais coupable de quoi exactement ? De s’éprendre de ses jeunes commis ou de les trucider ? Alors que Théo avait éveillé en lui des pulsions charnelles perturbantes, le gracile Anton fait naître chez Combes un amour platonique qui comble le vieil homme taciturne, lequel se complait désormais dans son rôle de contemplateur.
Attention, ceci n’est pas un roman policier. Très rapidement, savoir si l’inquiétant libraire est l’assassin de Théo passe au second plan. L’intrigue se focalise sur la culpabilité du vieil homme rongé par des penchants homosexuels non assumés, qui rumine sa honte dans son journal intime. Contre lui, il a tout le village de Morghor, où tous les habitants se connaissent, et tiennent cachés derrière leurs volets clos ragots, rumeurs, rancœurs et secrets accumulés au fil des années. Les mauvais esprits ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
Si je n’ai pas été emballé par Le contemplateur, je n’ai pas détesté non plus, car il se dégage de ce roman une ambiance particulière, hors des âges, assez troublante : l’époque, quelque part au début du XXe siècle, n’est pas clairement définie ; le décor de petite ville de province française n’est pas sans évoquer un décor de cinéma ; les personnages, notamment celui de l’aubergiste, Edwige Tabart, m’ont souvent fait pensé aux personnages de d’Albert Dubout. Une sensation amplifiée par le style de Stéphane Héaume, au vocabulaire intentionnellement désuet et précieux.
Le site perso de Stéphane Héaume et une interview filmée accordée au Monde du livre.
Clarabel et Tatiana ont été plus emballées que moi
Le contemplateur, de Stéphane Héaume
Éditions Anne Carrière – 183 pages