Comme je le disais il y a peu dans un commentaire, plus de temps passe entre mes lectures et le moment où je rédige mes billets, plus l’écriture dudit billet est laborieuse, même quand j’ai pris beaucoup de plaisir à la lecture ; la motivation et l’envie n’y sont plus. Commence alors un cercle vicieux dont je n’arrive que difficilement à me sortir. J’ai donc décidé de “liquider” mes lectures de l’été. En voici une première livraison :
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Il y a le ciel, le soleil… et la mort. L’été en bord de mer est une période privilégiée propice aux rencontres en tout genre : amourettes de vacances si chères au cœur des ados (pour ne rien dire de certains adultes déjà en couple), relations de bon voisinage ou amitiés naissantes avec les occupants de la location d’en face ou les voisins de plage. La plupart ont cela de rassurant que l’on sait qu’elles ne survivront pas à la fin des vacances. Mais il arrive qu’à notre insu, certaines doivent jouer un rôle décisif dans notre vie.
Dans ce roman kaléidoscope, étalé sur quatre décennies, de 1972 à 2002, une quinzaine de personnages en villégiature prennent tour à tour la parole le temps d’un chapitre. A la manière de Robert Altman avec Short cuts ou d’Alejandro Inarritu avec 21 grammes, Jean-Philippe Blondel s’ingénie à faire s’entrechoquer les parcours de personnages impuissants face à leur destin. De Capbreton à Arromanches, en passant par Hyères et Perros-Guirec, hommes et femmes mariés ou célibataires, enfants et adolescents vont se croiser, parfois sans le savoir, le temps d’un été.
Contrairement à ce que suggère son titre, Accès direct à la plage n’est pas un livre léger. Ici, l’insouciance estivale n’est que de façade, pour mieux masquer la noirceur des âmes. Si dans les premières pages, les interactions entre les multiples personnages obligent à certains retours en arrière, on prend vite plaisir à traquer les indices reliant les personnages entre eux… pour mieux se laisser cueillir par le rebondissement final.
Les avis du Bibliomane, de Caro(line), Chaperlipopette, Clarabel, Cuné, Emeraude, Florinette, Laurence, Sophie et Valériane
Accès direct à la plage, de Jean-Philippe Blondel
Delphine Montalant – 108 pages
L’empire des sens. Un homme, une femme, une chambre, la nuit, deux corps moites engagés dans un combat sensuel. Les bouches se soudent, les mains caressent, les souffles se font plus courts et les peaux exsudent de parfums musqués.
Un texte qui suinte la jouissance, aussi court (46 pages) qu’il est torride.
Les premières pages sont à découvrir ici (dead link).
Plus sale, de Laurent Mauvignier
Inventaire/Invention – 46 pages
Vous reprendrez bien un peu de Bacon ? En 1961, Francis Bacon emménage, au 7 Reece Mews, à Londres, adresse qui pendant trente ans et jusqu’à sa mort lui servira à la fois d’atelier et d’appartement.
Suite au don que John Edwards fit à la Hugh Lane City Gallery de Dublin en 1998, une équipe d’archéologues entreprit un travail titanesque, aussi méticuleux qu’insolite : répertorier, étiqueter et démanteler tout le contenu de l’atelier pour le reconstituer à l’identique à Dublin. Au total, quelque 7000 objets (photographies, livres d’art et articles de magazines, croquis, notes manuscrites et toiles découpées) qui jonchaient le sol, une multitude de pots de peintures et de pinceaux , le dernier tableau inachevé sur son chevalet, mais aussi les murs et les portes dont Bacon se servait comme palette pour faire ses essais de couleur, les planchers et le plafond.
Dans ce livre abondamment illustré, Margarita Cappock qui coordonna la reconstruction de l’atelier de Reece Mews et la documentation de son contenu, montre comment tous ces objets accumulés pendant trente ans ont contribué à la création des toiles les plus importantes de Bacon. Tous ces objets, source de l’œuvre de Bacon, en disent aussi long sur ses méthodes de travail. Ainsi les photos de ses amis et modèles, les illustrations de ses thèmes de prédilection (animaux, planches de Muybridge, images médicales, tableaux de Velázquez, dirigeants politiques…) pliées, déchirées, tâchées de peinture, unies par des trombones ou des épingles à nourrice, donneront naissance sur la toile aux célèbres déformations des visages et des corps qui sont la marque de fabrique du peintre. Passionnant.
L’atelier de Francis Bacon, de Margarita Cappock
Traduction : Marie-Chantal Leveque
Bibliothèque Des Arts Suisse – 239 pages
Avec la meilleure volonté. Alors que cela faisait des semaines déjà que j’avais commencé Avec les pires intentions, d’Alessandro Piperno, rapidement abandonné au profit de This is not a love song puis d’Un plaisir trop bref, je me suis dit que mon voyage en Sicile pourrait être l’occasion idéale d’en poursuivre la lecture. La Sicile, pour un roman dont l’intrigue se déroule à Rome, ça ne pouvait que m’être bénéfique et me plonger plus facilement dans l’ambiance : le soleil, les odeurs, la langue et tout ça. Et puis, si je ne prenais que celui-là, en plus de la correspondance de Capote que j’avais pratiquement achevée, je n’aurais pas d’autre choix que de m’y tenir.
Eh bien non, rien n’y a fait. J’ai abandonné aux deux-tiers. Pas moyen de m’intéresser à cette famille de la bonne bourgeoise juive romaine : Bepy Sonnino, homme d’affaires à la morale douteuse ; ses fils Téo, juif orthodoxe parti vivre en Israël et Luca, albinos frimeur et impénitent séducteur comme son père ; son petit-fils, Daniel, le narrateur, complexé d’être le fruit d’une union mixte.
Au-delà des histoires typiquement masculines de ces coureurs de jupons qui m’ont semblées sans intérêt, j’ai surtout eu le sentiment que ce roman s’adressait aux personnes familières avec la culture juive et les problématiques de la judaïté, ce qui n’est pas mon cas. C’était comme si je me retrouvais parmi des personnes s’échangeant des “private jokes”’ que je ne comprenais pas parce que je n’avais pas les clés pour saisir le côté subversif et provocateur de leurs propos. Je suis resté spectateur un moment, puis je suis parti.
Quitte à perdre un bouquin, si j’avais pu choisir, j’aurais préféré que ce soit celui-ci qui soit resté dans mon sac de voyage perdu à jamais plutôt qu’Un plaisir trop bref.
L’avis de Sophie qui n’a pas été emballée non plus.
Avec les pires intentions, d’Alessandro Piperno
Traduction : Fanchita Gonzalez Batlle
Éditions Liana Levi – 350 pages