barbery-elegance-herissonJe ne vais pas épiloguer des heures sur les raisons (bonnes et mauvaises) qui font que, depuis trop longtemps à mon goût, ma rubrique Chroniques en attente ne cesse de s’allonger. Je me retrouve donc à évoquer aujourd’hui L’élégance du hérisson alors que j’en ai fini la lecture depuis plusieurs mois déjà. Pour l’effet surprise et nouveauté, je peux toujours repasser. Ça va sentir le réchauffé. D’autant plus que le “phénomène” Barbery bat actuellement son plein dans les médias et les chaumières.

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Est-ce donc réellement nécessaire que je restitue ici le contexte du roman ?
Si jamais parmi vous certains étaient passés à côté, voici en deux mots de quoi il retourne : d’un côté, Renée Michel, la cinquantaine bien sonnée, veuve, concierge depuis des lustres dans le même immeuble bourgeois d’un quartier huppé de Paris ; de l’autre, Paloma, douze ans, gamine de l’une des familles de riches qui habitent l’immeuble.
Mais attention, l’une et l’autre ne sont pas celles que l’on croit : sous des allures volontairement insignifiantes, la Renée est fondue de cinéma japonais, de littérature russe et de philo, tandis que Paloma, surdouée plus-mûre-que-moi-tu-meurs, dégoûtée de la crétinerie de ses contemporains (de sa famille, en particulier) et de la vacuité de la vie, a prévu de se suicider le jour de ses treize ans. Mais un jour, un riche Japonais débarque dans l’immeuble, et…

La dame aux camélias. «Emotion», «humanisme», «finesse», «tendresse», histoire «bouleversante», personnages «touchants»… Appâté par le concert d’éloges relayé par les blogs, j’ai voulu savoir ce qui se cachait sous la carapace de ce Hérisson. Las!, je n’y ai trouvé que rancœur, mépris et prétention. Pourtant sous ses faux airs d’Amélie Poulain au pays des concierges, prônant l’abolition des barrières culturelles et le mélange des genres, L’élégance du hérisson avait de quoi me séduire.
Malheureusement, les personnages me sont rapidement apparus imbuvables. Toutes cultivées qu’elles sont, Renée et Paloma ne font pas montre d’intelligence ni d’ouverture d’esprit en se plaçant sans cesse au-dessus de la mêlée, en juges intransigeants et péremptoires. Sûres de détenir LA vérité, elles sont froides comme la pierre, hautaines, prisonnières de leurs certitudes. Et au moment où, tel le vilain petit canard, la concierge se métamorphose en midinette quand elle entrevoit la possibilité de l’amour, c’est trop tard pour moi. Je ne peux plus y croire ; pire, je trouve ça risible.
En fait, ce qui m’a le plus dérangé dans ce roman, c’est le procédé utilisé par l’auteur. Je m’explique. Tandis qu’elle veut visiblement condamner l’attitude de ces bourgeois (médiocres et ridicules, forcément), engoncés dans leurs préjugés et aveugles à la richesse humaine des classes laborieuses, Muriel Barbery se contente d’inverser les rôles, affublant sa Renée des mêmes comportements que ceux qu’elle cherche à dénoncer. Et cette citation « Nous ne voyons jamais au-delà de nos certitudes et, plus grave encore, nous avons renoncé à la rencontre, nous ne faisons que nous rencontrer nous-mêmes sans nous reconnaître dans ces miroirs permanents. Si nous nous en rendions compte, si nous prenions conscience du fait que nous ne regardons jamais que nous-mêmes en l’autre, que nous sommes seuls dans le désert, nous deviendrions fous. » s’applique aussi bien à Renée. Résultat, sa concierge m’est apparue comme une frustrée de la vie, envieuse, déversant sa bile et sa rancœur sur les habitants de l’immeuble. Le hérisson, je le vois bien, mais elle est où l’élégance ? Et pour alimenter sa démonstration, Muriel Barbery n’est pas avare en clichés : les habitants de l’immeuble ne sont que caricatures. Monsieur Ozu lui-même n’y échappe pas.

Alors que j’aime que l’auteur s’efface derrière ses personnages, j’ai trouvé Muriel Barbery bien trop présente (pour ne pas dire pesante). Au-delà de ses références à la culture japonaise, les digressions philosophiques de ses personnages ne tombent pas toujours à-propos, soulignant plus encore l’artificialité du récit. Cela dit, ce sont peut-être ces considérations philosophiques, notamment celles que Paloma consigne dans son Journal du Mouvement du monde et ses Pensées profondes, qui m’ont le moins déplu, car ce n’est pas l’intrigue, ni son dénouement trop factice qui m’a captivé.
Aller au-devant de l’autre en laissant ses préjugés au vestiaire est une noble entreprise, quelle que soit la classe sociale à laquelle on appartient. Les concierges, même cultivées, n’en sont pas dispensées.

Ils ont aimé : Cuné, Clarabel, Papillon, Florinette, Tamara, Yueyin, Milou & Céline, Ephémerveille, BMR–MAM
Ils ont émis quelques réserves : Lorraine, Flo, Le Biblioblog, Olivier, Malice, Matoo
Ils se sont insurgé : Ma fenêtre, Judith Bernard, Danorah, Cécile qd9, Sylvie

L’élégance du hérisson, Muriel Barbery
Gallimard – 359 pages