07-02-12_m.jpgAucun snobisme, aucune pose, dans le fait de lire le nouveau Spanbauer en V.O.
C’est simplement parce que je n’ai pas eu envie d’attendre une hypothétique traduction en français pour profiter du nouveau roman de cet auteur américain qui figure au nombre de mes préférés.
Si j’avais aimé chacun de ses précédents romans, et notamment L’homme qui tomba amoureux de la lune, celui-ci m’a carrément bouleversé. C’est réellement mon premier coup de cœur de l’année, que je place sans hésitation aux côtés du Temps où nous chantions, de Richard Powers.
Oui ce livre est génial, et il serait dommage de passer à côté… sauf que tout le monde ne lit pas la langue de Shakespeare.
Alors, pour ceux à qui cela ne pose pas de problème, voici 5 bonnes raisons de lire Now is the hour et pour les autres, autant de bonne raisons de découvrir sans attendre les autres romans de Tom Spanbauer.

Pour l’histoire
En cet été 67, Rigby John Klusener a de quoi être déboussolé. A 17 ans, il prend conscience que le monde ne se limite pas au seul cercle familial. Au contact de ses nouveaux amis, toutes ses certitudes ont volé en éclats.
Que vaut la bigoterie de sa mère, qui dégaine son chapelet plus vite que son ombre, à la moindre occasion face à l’émancipation de Bilie Cody, son amie et âme sœur qui scandalise la petite communauté rurale ? Que vaut le racisme sourd de son père, qui ne lui a jamais manifesté la moindre affection, face à l’amitié des deux saisonniers mexicains Flaco et Acho et de George, l’indien ? Que pèsent la rigueur et l’intolérance religieuse comparée aux joies simples et heureuses du sexe ?
Pour s’ouvrir ainsi aux autres et confronter deux visions opposées de la vie, il va devoir braver les interdits religieux et familiaux. Si bien qu’à la fin de l’été, il sait que s’il veut devenir lui-même, il n’a d’autre solution que de quitter son petit village de Pocatello, Idaho. Il se retrouve donc à faire du stop sur la Highway 93, direction San Francisco. Pendant qu’il attend le passage d’un véhicule qui acceptera de le faire monter à son bord, il entreprend le récit de sa vie.

Pour le style
Tout d’abord, il faut reconnaître à Tom Spanbauer le talent d’un conteur hors pair. En outre, son écriture ciselée et dépouillée exprime, comme une évidence, le non-dit.
En ce sens, il va droit au cœur des choses et de l’intimité de ses personnages dont il capture et restitue merveilleusement bien l’univers intérieur. Ainsi, on entre dans l’esprit de John Rigby, ses hésitations et ses duels intérieurs sont les nôtres, ses rêves et ses souvenirs aussi…
Le style de Spanbauer est marqué aussi par la répétition tout au long du roman d’expressions qui identifient les personnages, un peu comme un thème musical (à la façon d’un Prokofiev pour Pierre et le Loup), ce qui donne au roman un rythme particulier.

Pour les thèmes
Now is the hour pourrait être considéré comme une énième variation du héros selon Spanbauer car on y retrouve tous les éléments chers à l’auteur : une famille dysfonctionnelle, le conflit entre une société conservatrice et un monde plus libéré, souvent marginal, une opposition entre la spiritualité des Indiens et les valeurs des Américains, comment s’affranchir suffisamment de sa famille pour gagner son indépendance, comment reconstituer ensuite une autre famille avec des membres choisis au fil de son existence.

Pour la plongée dans les années 60/70
Now is the hour est une plongée au cœur du Flower Power. Si certains détails typiques de la vie quotidienne de l’Amérique de cette époque n’ont pas éveillé de souvenir en moi, en revanche, la bande originale du roman est universelle : Sergent Pepper’s Lonely Hearts Club Band, Eleanor Rigby, Georgy Girl, Monday Monday, The letter, Purple Haze, If you’re going to San Francisco….

Pour les sentiments
Parce qu’on rit, qu’on pleure, qu’on espère, qu’on tremble, qu’on enrage… et que l’on souhaite tout le temps de la lecture que ce roman ne se finisse jamais.

A la relecture de ce billet que j’ai déjà retouché de nombreuses fois, je m’aperçois que finalement j’ai beaucoup de mal à faire passer mon enthousiasme, et que je ne suis pas arrivé à dire ce que je voulais dire sur cet auteur et ce livre.
Alors, si vous n’êtes pas totalement convaincus, Omega Blue en parle beaucoup mieux que moi ici.

Vélo pliant vert anglais, à dynamo moyeu halogène av. et arr.

Pour écouter Tom Spanbauer parler de son roman, c’est de ce côté.

Now is the hour, de Tom Spanbauer
Houghton Mifflin Company – 459 pages