resoudre-adieux-bessonClément, Louise. Un homme et une femme. Chabadabada, chabadabada…
Ils s’aiment, puis un jour Clément s’en va, laissant Louise anéantie. Comme un dernier réflexe de survie, Louise décide de partir loin, le plus loin possible, et se retrouve à errer dans les rues de La Havane. N’en pouvant plus de garder sa peine au plus profond d’elle, elle se met à écrire une série de lettres à Clément. Clément lira-t-il ces bouteilles jetées à la mer ? Peu importe finalement. « Est-ce si grave de ne pas aimer toujours ? »
Tout au long de cette convalescence, Louise prend conscience que ces lettres s’adressent plus à elle-même qu’à Clément. Cette correspondance sera sa thérapie. Partie en exil à Cuba, Louise va se rapprocher petit à petit de Paris, la ville de son amour perdu. Mais fait-on jamais le deuil d’un grand amour ?

Lettres en souffrance. D’aucuns se seraient cassé les dents sur ce sujet on ne peut plus banal. Avec la sensibilité, la pudeur et la finesse qui caractérisent son écriture, Philippe Besson parvient sans peine à communiquer son empathie pour Louise au lecteur. On vit de l’intérieur ses états d’âme et la douleur de la séparation.
Mieux, on EST Louise. On n’en peut plus de garder tout pour soi, alors on prend la plume et on vide son sac, on écrit à l’absent. Besson excelle dans ce registre de l’intime. Une de ses forces est de rendre parfaitement les cheminements intérieurs, disséquer les sentiments, explorer les failles avec sensibilité, sans voyeurisme.

Le plus rapide à plier, le plus facile à transporter et le plus léger de tous les vélos pliants du marché. Le vélo Strida est LA solution pour se déplacer rapidement.

Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre de la part de certains critiques, à aucun moment je n’ai trouvé Louise geignarde ou s’apitoyant sur son sort. Au contraire, elle est souvent lucide et n’hésite pas à laisser s’exprimer parfois sa rancœur et à lancer quelques coups de griffes.
Pour Se résoudre aux adieux, Philippe Besson a choisi la forme épistolaire, forme contraignante s’il en est, qu’il réussit brillamment à détourner.
Ce roman est également sur le rôle salvateur et thérapeutique de l’écriture. « On n’écrit jamais pour les autres, jamais. On n’écrit que pour soi. On prétend dialoguer mais tout n’est que soliloque. »
Enfin, autre nouveauté chez Besson, le roman se clôt sur une note d’optimisme.

Certains font passer pour un tour de force la facilité avec laquelle Besson, cette fois encore, se glisse dans la peau d’une femme. C’est quoi ces préjugés ? En quoi un homme serait-il incapable de ressentir les mêmes affres que Louise lors d’une séparation ? Je me suis même amusé à lire certains passages en remplaçant le prénom Louise par Louis, ça fonctionne tout aussi bien…
Quoi qu’il en soit, je suis heureux de m’être réconcilié avec Philippe Besson qui est un de mes écrivains contemporains fétiches mais dont L’enfant d’octobre m’avait énormément déçu. Exceptés les passages dans lesquels il s’exprime au nom de Christine Villemin (ceux-là mêmes qui ont alimenté une polémique aux relents de pétard mouillé), j’avais vécu ce roman à l’époque comme auto-parodie de Besson par lui-même.

Pour lire un extrait, c’est sur le site de Julliard.
Pour écouter Philippe Besson parler de Se résoudre aux adieux, c’est sur Lire est un plaisir ou sur le site de France Culture.

Se résoudre aux adieux, de Philippe Besson
Julliard – 188 pages