Pas facile de prendre ses marques quand on est la dernière de cinq sœurs, la petite dernière, celle que son père appelle affectueusement son « numéro cinq ».
Quand Agnès, sa sœur préférée, quitte la maison pour le pensionnat, Betty, douze ans, se retrouve seule avec ses parents dans la maison attenante à l’hôpital psychiatrique que dirige son père.
Vécue comme un abandon, cette séparation affecte la petite fille jusqu’au jour où un événement extraordinaire va bouleverser son quotidien : elle croise par hasard un patient de son père échappé de l’hôpital. D’abord effrayée, elle n’hésite pas longtemps avant de se décider à le cacher dans la cabane du jardin à l’insu de tous. A partir de maintenant, ça sera son secret, elle aura « son fou » rien qu’à elle.
Rangé dans sa house, le vélo pliant est accepté gratuitement dans tous les trains et sur tout le territoire national. Considéré comme un bagage à main, il doit juste être étiqueté.
Jour après jour, elle va tenter d’apprivoiser cet homme plutôt inoffensif, comme elle l’aurait fait avec le chien que ses parents refusent de lui offrir. Mais un beau matin, celui-ci s’enfuit…
Les cinq filles du docteur. Je m’appelle Elisabeth est de ces romans qui marquent les esprits sans en avoir l’air. L’histoire en elle-même est anodine, mais cette rencontre va profondément transformer Betty. Elle va marquer son passage de l’enfance à l’adolescence, de Betty à Elisabeth.
En recueillant « son fou », Betty va couper le cordon avec ses parents (de son père surtout, car elle en a assez de n’être que « la fille du docteur »). Elle va essayer de se prouver qu’elle n’est plus une gamine.
L’écriture limpide d’Anne Wiazemsky montre très bien l’ambivalence qui taraude la petite fille, déchirée entre son désir d’être « une grande » et ses peurs d’enfant, entre l’envie de s’émanciper et son besoin d’être réconfortée et protégée.
C’est très bien vu et, à plusieurs reprises, certaines situations et certains comportements de Betty m’ont replongé dans ma propre enfance.
Ce roman d’Anne Wiazemsky a été adapté par Guillaume Laurant pour le réalisateur Jean-Pierre Améris. Le dossier de presse téléchargeable ici contient un (court mais intéressant) entretien avec Guillaume Laurant sur son travail d’adaptation.
L’avis de Clarabel qui avait titillé ma curiosité.
Je m’appelle Elisabeth, d’Anne Wiazemsky
Folio – 180 pages