Immortalisé par le film de David Lean, Thomas Edward Lawrence aura à jamais les traits de Peter O’Toole, réduit du même coup à cette image d’Epinal du héros qui a permis aux tribus Arabes de résister à l’invasion turque lors de la Première Guerre Mondiale.
A cette époque déjà, de la Syrie à son Angleterre natale, le récit, plus ou moins magnifié, de ses exploits avait fait de lui une légende vivante : Lawrence d’Arabie, Al Aurens, le roi sans couronne.
Jusqu’à quel point Lawrence lui-même a-t-il participé à l’édification de sa légende, nul ne le sait exactement.
Une chose est sûre, dès 1922, lassé de cette surmédiatisation, il va tout faire pour retomber dans l’anonymat : refuser les honneurs, promotions et médailles, utiliser de nombreux pseudonymes (Ross, Shaw, Smith…), intégrer la Royal Air Force comme simple soldat, puis le Royal Tank Corps, pour revenir plus tard à la Royal Air Force, quand des rumeurs d’espionnage l’obligeront à quitter l’Inde où il était basé.
En mai 1935, quelques semaines seulement après avoir quitté l’armée, il meurt à 47 ans dans un accident de moto, dans la campagne anglaise.
Du même coup, il laisse irrésolus certains mystères, autant de zones d’ombre qui participent encore aujourd’hui à sa légende.
Qui était exactement le vrai Thomas Edward Lawrence ?
Avec Disparaître, c’est à cette question que Patrick et Olivier Poivre d’Arvor apportent leur propre réponse, en partant du postulat que cet accident de moto, en fait, est le seul moyen que Lawrence, désespéré, a trouvé pour en finir avec cette vie qui ne lui convient pas.
Hypothèse pas si farfelue qu’il y paraît puisque, avec le simple accident dû à un excès de vitesse et l’assassinat, elle a été une de celles envisagées au moment des faits.
Sables émouvants. Le roman s’ouvre donc sur la scène de l’accident et se poursuit jusqu’à la mort de T.E. Lawrence. Entre temps, personnages réels ou inventés et flash back auront permis de retracer les grands moments de la vie hors du commun de Lawrence. Oui, et alors ?
Alors, rien, ou plus exactement pas grand-chose que l’on n’ait déjà lu ou vu ailleurs.
Le roman s’ouvre sur un monologue de Lawrence, gisant dans le fossé près de sa moto, au pied de l’arbre fatal. Immédiatement, mon esprit zappe Lawrence d’Arabie et l’Angleterre du début du siècle pour les substituer illico par Michel Piccoli et les années 70 des Choses de la vie. Avouez que le mélange des genres est plutôt gênant.
Un peu plus tard, les scènes entre Lawrence et Alicia, son infirmière, subiront le même sort : hop, exit Lawrence d’Arabie. Me voilà propulsé dans le chef d’œuvre de Dalton Trumbo, Johnny s’en va-t-en guerre, film magistral où un jeune soldat qui revient du front gravement mutilé (le crâne enfoncé, sans bras ni jambes) essaie par tout les moyens d’entrer en contact avec son infirmière.
De plus, je n’ai pu m’empêcher de rapprocher le discours du personnage Lawrence sur la célébrité et les paparazzi de celui que tient souvent Patrick Poivre d’Arvor dans les pages des journaux. Là encore, Lawrence s’est effacé pour laisser place à un PPDA crachant son mépris des chasseurs de scoop, en la personne de « ce chien de Pointer
» (facile le jeu de mot, mais il n’est pas de moi), commodément affublé d’un pied bot qui le rend gauche et souvent risible.
D’ailleurs, trop souvent, j’ai été agacé en ayant le sentiment que la star du 20 heures de TF1, à travers son personnage, ne parlait en fait que de lui : personne publique médiatisée, cherchant à tout prix à casser son image et à fuir une célébrité pesante…
Agacé je l’ai été souvent, même si je ne me suis pas ennuyé. Toutefois, ni le contenu, ni le style ne me laisseront de souvenir impérissable. Je ne comprends pas très bien qu’il ait pu figurer sur la liste du Goncourt.
Cathe vous livre son avis ici.
L’interview de PPDA sur Lire est un Plaisir pour la sortie de Disparaître.
Pour en, savoir plus sur Thomas Edward Lawrence, un site très complet en anglais et un autre, en français.
Disparaître, d’Olivier et Patrick Poivre d’Arvor
Gallimard – 324 pages