Diana vit dans un rêve.
Celui que font toutes les gentilles petites filles des classes moyennes américaines.
A quarante ans, la blonde Diana a gardé son physique avantageux d’adolescente. Heureuse en ménage, elle est mariée à un sexy professeur de philo, avec qui elle a eu une adorable petite fille. Elle vit dans une banlieue résidentielle où elle bichonne sa jolie maison et roule en monospace. Femme au foyer irréprochable, elle trouve même le temps d’enseigner le dessin à mi-temps.
Il n’y a pas longtemps encore, elle avait même un chat, c’est dire si le bonheur est parfait.
Mais ce présent, trop heureux pour être honnête, et le passé, où plane la mort, vont s’entrechoquer dans des flashes de plus en plus fréquents, et mettre à mal l’équilibre psychique de Diana.
Car l’image lisse de l’épouse parfaite cache celle d’une adolescente traumatisée par le carnage perpétré un beau matin dans son lycée par un garçon venu trucider tout ce qui bougeait sur son passage. Quand le meurtrier déboule dans les toilettes des filles, où Diana se refait une beauté en compagnie de sa meilleure amie, il les menace de son arme, et les place face à un choix cornélien : « Laquelle de vous deux va mourir ? »
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Le vélo pliant est un vrai investissement, mais il permet une réelle intermodularité. Je prend le train tous les jours avec, le métro souvent, et aucun soucis.
Tandis que l’une va accéder au statut de quasi-sainte, l’autre n’aura pas trop d’une vie pour expier sa lâcheté.
Le Choix de Diana. Cuné m’avait mis l’eau à la bouche avec son billet.
C’est vrai qu’il y a de bonnes choses dans ce roman, notamment le flou très bien entretenu qui entoure les deux filles, et pourtant, je reste très mitigé. Ça commence sur les chapeaux de roues par un prologue super efficace à la Tarantino.
Mais passées ces quelques pages, on se retrouve englué dans une ambiance Femmes au foyer désespérées sous Prozac. Ça n’en finit plus de dégouliner d’un bonheur poisseux. On n’en peut plus de cette guimauve. Quand est-ce qu’il se passe enfin quelque chose ?
Puis, vers le milieu du roman, enfin, ça frémit. Le cadavre n’était pas tout à fait mort. Pas trop tôt. L’étrange s’insinue peu à peu, pour s’emparer du quotidien, à la manière de Stephen King… mais un Stephen King convalescent.
Soit, on s’interroge un peu au sujet de cette pauvre Diana (est-elle victime de visions, est-elle menacée par une force obscure ou tout cela n’est-il que le fruit de son imagination ?). Puis, rapidement, la chute arrive avec ses gros sabots.
Selon moi, le roman pêche par son manque… de pêche justement. Il est très bien écrit cela dit, mais Laura Kasischke est trop en retenue. Elle semble s’être trop centrée sur le bouquet final (qui pour moi a fait l’effet d’un pétard mouillé) en négligeant de réveiller l’attention du lecteur par quelques bonnes fusées qui explosent au bon moment, au bon endroit.
Bref, elle n’a pas réussi à me tenir en haleine, ni d’ailleurs à m’intéresser de plus près à cette Diana que j’ai regardé se débattre d’assez loin.
Petit bonus : en faisant une recherche sur Internet, j’ai découvert qu’Uma Thurman va endosser le rôle de Diana dans le film tiré de ce roman, In Bloom, réalisé par Vadim Perlman. A suivre ?
La Vie devant ses yeux, de Laura Kasischke
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Anne Wicke – Points Seuil – 352 pages